L’état des médias sénégalais est actuellement en proie à des difficultés majeures, comme en témoignent les données extraites des différentes sources disponibles.
TRIBUNE – Des informations, rendues publiques par le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, M. Alioune Sall, lors d’un point de presse, ce vendredi 16 août 2024, mettent en lumière plusieurs aspects cruciaux concernant la situation de la presse dans le pays, notamment la répartition des aides financières, la précarité des travailleurs, et les dettes fiscales qui pèsent lourdement sur les organes de presse.
Par exemple, le Groupe GFM du chanteur Youssou Ndour qui a reçu 93 millions de FCFA en 2022, n’a perçu que 69 millions en 2023.
Une tendance similaire est observée pour D-Media du bouillant opposant Bougane Guéye Dany et Walfadjri de feu Sidy Lamine Niasse avec des diminutions respectives de 17 millions et 50 millions de FCFA.
Cette baisse des aides pourrait être interprétée comme une pression financière supplémentaire sur les médias, déjà confrontés à un marché de plus en plus compétitif et à des revenus publicitaires en déclin.
Au Sénégal, le secteur des médias est très diversifié avec 50 publications écrites, 150 sites d’information en ligne, 300 radios privées et communautaires, ainsi que 35 chaînes de télévision TNT gratuites.
Toutefois, cette diversité ne doit pas masquer les défis auxquels font face ces acteurs. L’absence d’autorisation formelle pour les structures audiovisuelles, une exigence pourtant stipulée par la loi, est un problème de taille.
Cette situation souligne la nécessité urgente d’une régularisation afin de garantir un cadre légal et opérationnel stable pour l’ensemble des médias du pays.
Par ailleurs, la situation précaire des travailleurs de la presse est une autre problématique majeure.
Un rapport publié par la ministère de tutelle révèle que 86 % des employés ne sont pas inscrits à la Caisse de sécurité sociale ni à l’IPRES. Une situation qui laisse ces travailleurs sans protection sociale.
De plus, plus de 60 % d’entre eux ne disposent pas d’un contrat de travail formel, et moins de 15 % bénéficient d’une prise en charge médicale.
Ces chiffres sont alarmants et illustrent les conditions de travail difficiles, voire dangereuses, auxquelles sont confrontés les journalistes et techniciens des médias.
Aussi, les dettes fiscales des organes de presse constituent-elles un autre fardeau important.
Le Groupe Futurs Médias (GFM) détient à lui seul 40 % de la dette fiscale du secteur, suivi par la RTS avec 28 % et D-Media avec 11 %.
Cette situation endette profondément les entreprises médiatiques, limitant leur capacité à investir et à se développer.
La pression fiscale pourrait, à terme, menacer la survie de certains de ces organes, contribuant à un affaiblissement global de la diversité des voix dans l’espace médiatique sénégalais.
Face à ces défis, l’État sénégalais doit adopter une position plus proactive pour venir en aide au secteur de la presse.
Il est essentiel que des mesures soient prises pour renforcer le soutien financier aux médias, en évitant des diminutions abruptes qui peuvent compromettre leur viabilité.
De plus, une régularisation stricte et équitable des structures audiovisuelles doit être mise en place pour garantir un environnement juridique stable, nécessaire à la croissance du secteur.
L’État pourrait également envisager des allégements fiscaux temporaires pour les médias les plus endettés, tout en mettant en place des programmes de soutien social pour les travailleurs de la presse, afin de garantir leur sécurité et leur bien-être.
Enfin, un dialogue continu entre les autorités, les professionnels des médias et les partenaires sociaux serait crucial pour identifier les meilleures stratégies permettant de surmonter les défis actuels et de soutenir durablement le secteur des médias au Sénégal.
Boubacar Kambel Dieng…
Maderpost