Beaucoup de choses se disent sur la rencontre des chefs d’État de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui vont statuer sur l’affaire des 46 soldats ivoiriens retenus à Bamako, et probablement sur la transition de la junte en Guinée, jeudi 23 septembre à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
MALI – Ca parle beaucoup dans les coulisses new-yorkaises et pas forcément pour tresser des lauriers au juntes malienne et guinéenne, que par exemple l’homme fort de Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embalo que l’on dit proche de Paris, veut voir rentrer dans les rangs.
Mercredi, le président en exercice de la Cedao a prévenu la junte guinéenne que le pays allait au-devant “de lourdes sanctions” si elle persistait à vouloir se maintenir au pouvoir trois ans.
Mieux, il disait récemment sur RFI et France 24 qu’il est « inacceptable pour la Cédéao. Inacceptable et non négociable » que la junte guinéenne fasse trois ans au pouvoir avant un retour de civils élus.
Une sortie qui donne le ton et campe les débats de jeudi à New-York, sous les regards attentifs des puissances françaises, russes et autres s’intéressant à l’Afrique en général et à ces deux pays en particulier.
Ainsi filtre-t-il déjà que l’organisation ouest-africaine va prononcer des sanctions fortes contre le Mali et la Guinée dirigés par des militaires, à Bamako d’ailleurs pour les besoins de la célébrité de l’accès a souveraineté internationale du Mali.
Une source diplomatique a révélé à Jeune Afrique : « Dans l’un et l’autre cas, pour l’instant, la tendance est au retour de sanctions fortes. La quasi-totalité des chefs d’État considère qu’à la différence du burkinabé Paul-Henri Damiba, les militaires au pouvoir à Bamako et à Conakry les ont suffisamment menés en bateau. Certains vont jusqu’à souhaiter que soit agitée la menace d’un dépôt de plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes commis contre des populations civiles, notamment au Mali. »
Reste à savoir jusqu’où ira la Cedeao et si tel est le cas est-ce qu’elle est prête à remettre des pressions économiques, tel l’embargo sur les deux pays. Le Président ivoirien exerce une forte pression sur ses homologues de la communauté pour la simple raison qu’il est aussi sur les braises. D’abord face aux familles des 46 soldats ivoiriens retenus par la junte militaire – elles n’en peuvent de l’attente et souhaitent voir Abidjan régler le diffèrent dans les meilleurs délais – ensuite, face à l’opposition et la société civile qui notent seulement une faiblesse du chef de l’État dans cette affaire, mais aussi voient peu clair dans cette affaire qui jette de l’ombre sur la politique africaine d’Abidjan.
Ce d’autant que ce ne sont pas des précédents qui manquent.
Ouattara peut compter cependant sur le soutien du secrétaire général de l’ONU qui lui a apporté un bol d’air frais en reconnaissant la mission des 46 soldats pour le compte de Minusma.
Pour sa part, Assimi Goïta ne veut rien lâcher. Après avoir dit que cette affaire était judiciaire, le chef de la junte qui a imposé le dialogue aussi bien du côté de l’Onu que de la Cedeao est en compagnie du chef de la junte guinéenne, Mamady Doumbouya, est arrivé au Mali pour participer à la fête de l’indépendance s.
A noter que c’est le premier déplacement du colonel Mamady Doumbouya, hors des frontières depuis que lui et ses hommes ont pris le pouvoir par la force en septembre 2021, n’a donné lieu à une communication publique qu’après son arrivée.
“Je suis à Bamako à côté de mon frère, le président Assimi Goïta, pour fêter l’indépendance du Mali et accompagner le peuple malien, qui est un peuple frère”, dit le colonel Doumbouya cité dans un communiqué.
Le moins que l’on puisse est que les deux chefs de junte affichent leur unité à la Cedeao et au reste du monde. Un vent de changement est-il en train de se jouer sous nos yeux ?
Maderpost