L’Association Nationale de la Presse Sportive (ANPS) du Sénégal a organisé, hier à Dakar, un panel en perspectives des Jeux Olympiques Paris 2024. Présent à ce rendez-vous, l’ancien Directeur de la haute compétition (DHC), Souleymane Boun Daouda Diop, a donné plusieurs pistes à l’État afin que les athlètes sénégalais puissent bénéficier d’un bon accompagnement.
JEUX OLYMPIQUES PARIS 2024 – Tenu à la Maison de la presse, la cérémonie d’ouverture du Panel sur les JO Paris 2024 a démarré à 10h30 GMT, avec la présence de la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye et du sélectionneur des Lions du football, Aliou Cissé.
Le journaliste Adama Kandé, maître de cérémonie pour la circonstance, insiste sur le rôle d’accompagnement de l’ANPS (Association nationale de la presse sportive), qui, durant toutes les
compétitions internationales, a l’une des plus fortes délégations. Ce panel sur les JO de Paris 2024 vient confirmer cette tendance en réfléchissant sur des sujets pour accompagner cette mouvance.
C’est d’ailleurs dans cette dynamique, que l’ancien Directeur de la haute compétition (DHC), Souleymane Boun Daouda Diop, donne des solutions à l’État du Sénégal, à travers un exposé.
“Rôle de l’État, une question complexe”
“Le rôle de l’Etat c’est une question complexe et facile. L’Etat a le devoir de donner la possibilité à chaque sénégalais de pratiquer le sport de son choix, et s’il a un potentiel de l’accompagner dans le sport de haut niveau pour qu’il puisse le représenter dans les compétitions nationales et internationales telles les Jeux olympiques. C’est un investissement. L’Etat a le droit et le devoir d’investir sur la jeunesse sportive pour son image.
Une jeunesse sportive performance signifie que l’Etat a une politique de jeunesse, de sport, de santé. Pourquoi c’est difficile ? Parce que la politique sportive d’un pays n’est pas un modèle à importer. C’est un construit qui se base sur nos réalités politiques et économiques, sociales et culturelles, c’est nos politiques qui déterminent la vision. Au Sénégal, les régimes passent mais le rôle de l’Etat n’a pas changé.
Il y a une constante dans le rôle de l’Etat envers les sportifs et le mouvement sportif. C’est de permettre aux mouvement sportif de participer aux Jeux olympiques. La philosophie de l’olympisme, c’est l’universalité. Quand 205 comités nationaux se retrouvent dans un pays, il est inconcevable qu’un pays puisse être absent. Le Sénégal fait partie des 20 pays qui n’ont jamais raté les JO.
En 1965, à Melbourne, on n(était pas indépendant. Mais il y avait eu un boycott. En 1976, à Montréal, pareil. Les pays africains (22) se sont retirés sauf le Sénégal et la Côte d’Ivoire. En 1980, les pays occidentaux ont boycotté les Jeux de Moscou mais le Sénégal est resté. En 1984, Russie a rendu la monnaie aux pays occidentaux.”
Pour transformer l’athlète en champion, il faut le mettre dans une usine : infrastructure, ressources humaine de qualité…“Nos gouvernants ont toujours voulu dissocier la politique du sport. Les JO, ce sera la 15e participation. Le Sénégal a aussi participé à 5 Jeux d’hiver. Seulement, la participation a deux volets : la présence et les résultats. Sur ce point, nous n’avons eu qu’une seule médaille. Ce n’est pas une participation de qualité. Mais on ne peut pas gagner. Ce qui amène au deuxième rôle de l’Etat : la préparation. Sur ce point, aucun effort n’a été fait par un gouvernement. Ce n’est pas à deux mois des JO qu’on prépare un athlète, mais 8 ans minimum. Or, ici, vous ne voyez jamais un budget spécifique qui est réservé à la préparation des JO. Les Fédérations n’ont pas les moyens.
Il est clair qu’une médaille olympique, c’est comme de la matière première. Les nouveaux dirigeants disent qu’il faudrait qu’on puisse transformer nos matières premières comme l’arachide au Sénégal. c’est la même chose avec nos athlètes. Nous en avons une bonne. Mais pour transformer cet athlète en champion, il faut le mettre dans une usine (infrastructure, ressources humaine de qualité, machines de qualité…).
Tant que nous nous n’avons pas cela, tant que nous pensons que le focus doit être mis sur l’athlète, nous faisons fausse route. Le dirigeant et le technicien font partie de l’ensemble. Ce qui se fait de meilleur ne se passe pas au Sénégal. le trio est indissociable, l’entraîneur, le dirigeant et l’athlète doivent être préparés. Il y a eu une génération 2012, 2024. Mais sans moyens, sans rien, ce n’est pas possible. Combé Seck et Louis François Mendy font partie cette génération. Dieu peut tout mais avoir une médaille en 2024, voire en 2028, c’est hypothétique. Il faut donc mettre en place une génération 2032, doter les communes de moyens pour pouvoir les entraîner pendant deux ans au niveau local, avoir une équipe départementale, puis au bout de trois ans avoir une équipe régionale et au bout de quatre ans avoir une équipe nationale.
Il nous faut une équipe nationale olympique, réunir les médaillés africains, toute discipline confondue, et les prendre en charge par le Comité olympique et l’Etat. Avec le statut de sportif de haut niveau (prise en charge sanitaire, diététique…), cela leur permettra de participer à des compétitions internationales. Il faut donc une politique adaptée à nos moyens. Nous avons opté pour une pluridisciplinarité mais nous n’avons pas les moyens d’être présents partout. Sans cela, Amadou Dia Ba ne fera pas des émules. Il a eu la médaille grâce à la contribution de la France, du président Abdou Diouf.”
Établir d’excellentes relations avec le CNOSS, constitué du CIO, des Fédérations internationales et comités nationaux“L’autre aspect que l’Etat doit assurer, c’est d’établir d’excellentes relations avec le CNOSS, constitué de trois personnalités (CIO, Fédérations internationales et comités nationaux). Même les invitations que le CIO lance, il les lance à travers les CNO et les athlètes représentent les CNO et non leurs pays. Pour que l’Etat puisse donner à son CNO et à ses athlètes de meilleures chances, il faut une transparence sur toutes les opérations. Une fois que l’athlète a une bourse olympiques, ils pensent que c’est suffisant.
Ce n’est pas le cas. Il faut dire à l’Etat que la solidarité olympique ne doit pas plus généreuse que votre fils. Au niveau des arts martiaux, le système de qualification se fait sur 4 ans, c’est tout un circuit de compétitions (50 par an) pour gagner des points. Nous, on n’a pas les moyens. Mbagnick Ndiaye (Judo) et Bocar Diop (Taekwondo) se sont qualifiés sur le quota continental. Les Marocains, Algériens et Tunisiens, pendant l’hiver, s’entraînent en Europe et participent à des compétitions. Cela ne peut se faite que s’il y a une franche collaboration et le Comité olympique.
À l’heure actuelle, le rôle de l’Etat, c’est la préparation, la participation, collaborer le CNOSS et mettre les Fédérations dans d’excellentes conditions d’exploitation du potentiel des athlètes. “
Maderpost / Igfm