En Irak, le Premier ministre Mustafa Al-Kadhimi a fait face durant la nuit du 6 au 7 novembre à une tentative d’assassinat. Un drone piégé a visé sa résidence en plein centre de la capitale irakienne. Le Premier ministre s’en est sorti indemne mais l’Irak semble aujourd’hui sur une ligne de crête.
IRAK – Beaucoup d’Irakiens ont été réveillés en pleine nuit ce dimanche par une forte explosion, suivie de tirs nourris, en direction du centre politique et diplomatique de la capitale irakienne, relate notre correspondante à Bagdad, Lucile Wassermann. Une attaque, menée au drone piégé, contre la résidence du Premier ministre irakien, en plein milieu de la Zone Verte, un quartier ultra-sécurisé où sont basées les institutions politiques.
La tentative d’assassinat a été menée par « trois drones, dont deux ont été abattus » par la garde rapprochée de Moustafa Al-Kadhimi, selon deux sources de sécurité. Les trois appareils « ont été lancés depuis un site proche du pont de la République », avant de se diriger vers la Zone Verte, a indiqué l’une de ces sources, précisant que « deux drones ont été abattus » en vol. Le troisième a pu faire exploser sa charge contre la maison du Premier ministre qui s’en est sorti indemne, mais deux gardes du corps ont été blessés.
Appel au calme
Quelques heures après, Mustafa Al-Kadhimi s’est exprimé pour dire qu’il était en bonne santé, et surtout pour appeler au calme dans la capitale. Tous les regards se tournent aujourd’hui vers les milices pro-Iran, en colère depuis plusieurs semaines car leur aile politique a perdu énormément de sièges au Parlement lors des dernières législatives.
À plusieurs reprises ces dernières semaines, elles ont menacé le chef d’État irakien. L’attaque n’a pas été revendiquée mais propulse aujourd’hui l’Irak sur une ligne de crête, où la situation sécuritaire peut basculer vers le pire à tout moment.
Les États-Unis ont aussitôt condamné un « acte apparent de terrorisme » contre « le cœur de l’État irakien ».
La crainte d’une guerre civile ou un coup d’État
Les moments d’unité politique en Irak sont rares, très rares. Et pourtant, après cette tentative d’assassinat contre le Premier ministre, tous les partis politiques ont condamné cette attaque, y compris les groupes armés proches de l’Iran qui sont aujourd’hui pointés du doigt à cause de leur relation très conflictuelle avec le chef du gouvernement.
Dans un communiqué, l’un de ses dirigeants a fait savoir que l’attaque était « inacceptable », et qu’elle avait certainement été conduite pour qu’ils soient accusés. Une théorie du complot qui ne convainc pas vraiment les Irakiens.
Quant au semblant de front uni, il ne semble pas non plus rassurer les hommes politiques du pays. Le président de la République Barham Saleh a ainsi affirmé qu’il fallait à tout prix éviter que l’Irak ne tombe dans le chaos et qu’un coup d’État ne s’y produise. Des mots forts et alarmants, utilisés également par une grande partie de la population ce dimanche, qui craint de voir le pays, plus que jamais, basculer dans une énième confrontation armée.
Maderpost / Rfi