Comme il s’y était engagé, le Président américain prend le contre-pied de la politique menée par Donald Trump sur les trois fronts. Après un premier round positif sur le dossier nucléaire iranien, il a également donné son feu vert mercredi 7 avril à la reprise de l’aide économique aux Palestiniens que son prédécesseur avait totalement tarie.
Par Julien Lacorie
INTERNATIONAL – Il y avait longtemps que cela n’était plus arrivé à l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.
Mercredi 7 avril, les États-Unis ont annoncé qu’ils enverraient un chèque de 150 millions de dollars dédiés à la Palestine, dont 75 millions qui devraient financer des projets de développement en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Mahmoud Abbas, le président palestinien qui avait été traité en paria par l’administration Trump a aussitôt applaudi des deux mains. Côté israélien en revanche, l’heure est à l’amertume, voire à la colère que les convenances diplomatiques cachent de plus en plus mal.
Sévère retour de bâton pour Tel Aviv
« Lors de mes conversations avec les responsables du département d’État, j’ai exprimé ma déception et mon objection », a ainsi affirmé Gilad Erdan, ambassadeur d’Israël à Washington et auprès de l’ONU.
Le ministère des Affaires étrangères s’est aussi fendu d’un communiqué très critique.
L’angle d’attaque portant sur les livres utilisés par l’agence onusienne dans ses propres écoles palestiniennes. Ces ouvrages scolaires, régulièrement accusés d’alimenter « une campagne d’incitation à la violence » n’ont, il est vrai, toujours pas été expurgés de leur « contenu antisémite ».
De plus, Israël estime que la reprise du soutien financier américain va faciliter le maintien du versement par l’Autorité palestinienne d’allocations de dizaines de millions de dollars par mois aux familles des détenus palestiniens condamnés pour leurs « activités terroristes ». Bref, le retour de bâton est des plus sévères pour Tel Aviv.
Seule consolation : Joe Biden n’a pas osé revenir sur la décision de Donald Trump de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël. En revanche, une nouvelle pomme de discorde risque d’apparaître très vite à propos de la question ultrasensible de la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie, qui suscite de nouveau les critiques américaines.
Biden – Bibi – Tensions en vue
Cette divergence pourrait s’envenimer d’autant plus que le président Reuven Rivlin a officiellement désigné Benjamin Netanyahou pour tenter de former une majorité quelques semaines après d’énièmes élections législatives très serrées. Or, « Bibi » ne pourra mener à bien cette opération politicienne qu’avec l’aide des six députés du Parti sioniste religieux, une coalition de formations racistes anti-arabes, pour qui la colonisation à tout-va de la Cisjordanie est une mission sacrée.
Petit rappel : Joe Biden, à l’époque vice-président, avait été particulièrement outré en 2010 lorsque la construction de 1 600 logements dans un quartier israélien de la partie arabe de Jérusalem avait été annoncée au beau milieu d’une visite qu’il effectuait en Israël.
Pour couronner le tout, la volonté du président américain de revenir à l’accord sur le nucléaire iranien – dont Donald Trump s’était retiré en 2018 à la plus grande satisfaction de Benjamin Netanyahou – a suscité une volée de bois vert.
« À nos meilleurs amis (américains) je dis qu’un accord avec l’Iran ouvre la voie à production d’armes nucléaires qui nous menacent de destruction, un tel accord ne nous liera pas » a prévenu le Premier ministre alors que des discussions indirectes entre Washington et Téhéran ont débuté cette semaine à Vienne.
Autrement dit, Benjamin Netanyahou agite la menace d’attaque contre les sites nucléaires iraniens avec ou sans – si nécessaire – le consentement américain.