La première année d’exploitation du Train express régional (TER) est « un succès total sur tous les plans », se félicite le directeur général de la Société nationale de gestion du patrimoine du TER (SENTER.SA), Abdou Ndéné Sall.
TER – Considéré comme “le plus grand projet” du Sénégal indépendant en termes de chiffres et de mobilisations, le TER dont la ligne compte quatorze gares, assure la desserte Dakar-Diamniadio, sur une distance de 36 km.
Il a été mis en service par le chef de l’Etat, Macky Sall, en décembre 2021.
“Douze mois plus tard, nous pouvons dire que nous avons atteint tous nos objectifs de rentabilité, de capacité, de régularité et de gestion”, s’est réjoui le DG de la Société nationale de gestion du patrimoine du TER.
Abdou Ndéné Sall a rappelé, dans un entretien accordé à l’APS, que l’objectif de départ était de pouvoir transporter, au cours de la première année, “entre cinquante mille et soixante mille passagers par jour ». Et à ce stade, le TER a ”largement atteint ce nombre, avec des niveaux allant de quatre-vingt à quatre-vingt-dix mille voyageurs par jour ».
Mieux, le TER a même atteint le pic de quatre-vingt-quinze mille passagers le 5 août dernier, lorsque les pluies diluviennes ont obligé bon nombre d’automobilistes à abandonner leurs véhicules, a-t-il signalé.
‘’Ce jour-là, tous les systèmes de transport étaient obsolètes, sauf le train qui a absorbé l’ensemble du trafic détourné pour assurer, de manière fiable et sécurisée, le déplacement de tous ces gens qui étaient restés à Dakar’’, a-t-il souligné.
Selon M. Sall, le TER est ‘’apprécié » par les populations qui sont ‘’très satisfaites » de ce moyen de transport qui ‘’leur permet de quitter à temps leur domicile, de rentrer et de donner plus de temps pour s’occuper de leurs familles ».
« Objectifs de rentabilité atteints »
Le TER a également atteint, pour cette année, tous ces objectifs de rentabilité en termes de recettes et d’économie, suivant un modèle économique basé sur un contrat de gestion où le Sénégal supporte le risque trafic et récupère toutes les recettes, selon le directeur général de la SENTER.
Le TER, a-t-il expliqué, réalise soixante millions de francs CFA de recettes journalières, entièrement récupérées par le Sénégal, qui prend en charge l’ensemble des dépenses de fonctionnement et de maintenance, rémunère le savoir-faire à la société d’exploitation SETER, une filiale de la SNCF. “L’Etat garde le reste dans le cadre du Trésor pour faire autre chose”, a expliqué Abdou Ndéné Sall.
Cette rentabilité s’apprécie également par rapport à l’économie générée par la fluidité du trafic à Dakar, a encore relevé M. Sall, évoquant à la base, une étude de la Banque mondiale démontrant une perte annuelle de cent milliards de francs CFA liée aux congestions de Dakar.
’’Donc, rien que le fait de ne rien faire, le coût de l’inaction pendant six, sept ans, finance le TER et contribue à prouver sa viabilité économique’’, a-t-il argumenté.
Vers un transfert de compétences complet
L’exploitation de ce TER est assurée par une équipe “dynamique et bien formée” de mille employés, composée essentiellement de Sénégalais, au nombre de neuf-cent quatre-vingt-quatre, et de seize expatriés, a renseigné Abdou Ndéné Sall.
A l’en croire, ces Sénégalais ont, en ce moment, “magnifiquement montré leur performance et leur pleine capacité à assurer de manière autonome, la gestion de ce projet structurant”. Ils “ont assuré seuls, le travail”, lorsque “tous les expatriés étaient partis en vacances”, a signalé M. Sall.
‘’D’ailleurs, c’est le mois où on a eu moins d’incidents. Et c’est pourquoi bientôt, nous allons avec l’autorisation du président de la République, envisager une solution nationale quand le transfert de compétences sera complet, pour que les Sénégalais prennent en charge l’exploitation même de ce train », a-t-il annoncé.
Le défi d’une demande encore supérieure à l’offre
Pour le DG de la SENTER, la seule difficulté rencontrée jusqu’ici, c’est l’incapacité pour le train de prendre en charge aujourd’hui tous les voyageurs qui se présentent dans les gares.
‘’Le TER, a-t-il expliqué, est dimensionné actuellement pour prendre à peu près 115 000 voyageurs par jour, avec quinze trains, dont douze qui fonctionnent en plein régime en raison de six trains par heure, à l’aller comme au retour, un train de réserve de circulation et deux trains en réserve de réparation pour qu’à chaque fois qu’il y a problème, on injecte le train dans le circuit ».
‘’Donc, lorsque nous aurons les sept autres trains, le TER aura la capacité de pouvoir prendre 300 000 voyageurs par jour, même si nous parvenons à maîtriser jusqu’ici les aléas techniques’’, a-t-il avancé.
Fort de ce constat, il a salué ‘’la pertinence de ce projet structurant né de la vision globale du chef de l’Etat de doter la région de Dakar, 0,3% de la superficie du Sénégal qui abrite 25% de la population et qui concentre 66% des activités du pays, d’infrastructures modernes, capacitaires, respectueuses de l’environnement et qui font la mobilité urbaine entre Dakar, la banlieue et l’aéroport’’.
L’objectif de cette renaissance ferroviaire, selon Abdou Ndéné Sall, est à terme, d’assurer ‘’un maillage national qui permet à l’ensemble de la population de pouvoir choisir entre le train et la route, étant donné que le ferroviaire, plus démocratique, économique et plus sécuritaire va permettre de transporter un nombre de passagers beaucoup plus important.
Pour ce faire, le gouvernement envisage à partir de Diamniadio, de construire deux lignes de chemin de fer avec des voies à écartement standard reliant Dakar à Tambacounda, en passant par Diourbel, avec des ramifications jusqu’à Touba », a indiqué Abdou Ndéné Sall.
Une ligne Dakar-Mbour-Thiès-Tivaouane-Saint-Louis est également prévue, en perspective de l’exploitation prochaine du gisement gazier de la Grande Tortue Ahmeyim, selon M. Sall.
Revenant sur l’état d’avancement des travaux de la deuxième phase des travaux du TER reliant la ville de Diamniadio à l’aéroport international Blaise Diagne de Dakar (AIBD), sur un linéaire de 19 km, il a assuré qu’ils avancent “à pas de géants”, leur livraison étant prévue en décembre 2023.
’’Tous les financements sont disponibles, les travaux avancent et le chef de l’Etat a donné des instructions fortes pour des indemnisations justes et équitables, comme lors du premier trajet où, sur 780 milliards, on à peu près payé 80 milliards de francs CFA pour indemniser les gens qui étaient sur l’emprise ferroviaire, pour leur permettre de se reloger dans des conditions meilleures que celles qu’ils avaient avant l’arrivée du TER », a-t-il rassuré.
Maderpost / Aps