Le scrutin couplé législatives-présidentielle est pour ce dimanche 27 décembre en Centrafrique, où la situation est toujours volatile. Des combats ont été signalés hier, vendredi, dans plusieurs localités, notamment à Dékoa. L’ONU y déplore la mort de trois casques bleus du Burundi, tués par des « combattants armés non identifiés ». La coalition des groupes armés CPC semble déterminée à perturber les élections. Malgré cela, les autorités et institutions internationales restent fermes : les Centrafricains iront voter dimanche.
PRESIDENTIELLES – C’est une fin de campagne un peu particulière en Centrafrique. Si le président sortant, Faustin-Archange Touadéra, a mis à profit le temps qui lui était imparti jusqu’au bout, en menant plusieurs meeting dans la journée de vendredi, de nombreux candidats de l’opposition ont eux stoppé leur campagne, estimant que la situation sécuritaire n’était pas favorable.
C’est que cette campagne électorale a été émaillée d’incidents, notamment à l’encontre des candidats à la députation dans les circonscriptions touchées par les combats ou par l’insécurité. La députée Béatrice Epaye, par exemple, a été empêchée à Markunda. Les députés de Mbaïki sont coincés par les combats depuis plusieurs jours. À Bambari, même l’UPC a empêché les candidats de battre campagne.
Une fin de campagne particulière aussi car la Cour constitutionnelle doit statuer ce samedi 26 décembre sur le report ou non du scrutin. Plusieurs recours ont été déposés suite au retrait de la candidature de Jean-Serge Bokassa. Ils appellent à l’application de l’article 115 du code électoral qui stipule, dans ce cas, que « l’organisation de l’élection est entièrement reprise ».
Assaut des rebelles sur Dékoa, trois casques bleus tués
Vendredi, des combats ont éclaté à Dékoa, une ville du centre du pays. Les rebelles tentent de descendre par là pour rejoindre la ville de Sibut, puis Bangui. La mission onusienne assure avoir repoussé les éléments armés, mais les combats ont poussé les habitants à fuir leurs habitations.
Dès dimanche dernier, les rumeurs d’une attaque des groupes armés agitaient la population de Dékoa, au nord de Sibut. Mais depuis deux jours, les combats font rage entre groupes armées et Forces de défenses centrafricaines, appuyées par la Minusca. La mission onusienne a déploré, dans la nuit du 25 au 26 décembre, la mort de trois casques bleus du Burundi dans des affrontements avec des « combattants armés non identifiés ».
Après plusieurs tentatives en début de semaine, les rebelles ont pris d’assaut la ville de Dékoa dans la matinée de vendredi. Stanislas Zoumbeti, un candidat aux législatives locales, explique que les habitants ont compris que Dékoa allait être attaquée, dès jeudi soir : « À 21 heures, nous avons été informés qu’on avait signalé leur présence autour de sept kilomètres de l’entrée de Dékoa, sur la route de Kasa Bandoro. Vers 9h30, on a commencé à subir des crépitements d’armes de tous calibres. C’est par la suite que nous avons compris qu’ils attaquaient effectivement la ville. »
« Nous ne voulons plus de la culture de la violence et de l’impunité dans ce pays »
Les différentes alertes de la semaine avaient déjà poussé les populations à se réfugier dans la mission catholique de Dékoa. Mais les événements de vendredi ont accéléré les choses. Ce sont actuellement entre 3 000 et 4 000 personnes qui s’abritent dans la paroisse Sainte-Anne, dirigée par le père Claude, qui s’exprime : « On n’attendait pas une situation pareille. Nous n’avions rien prévu. Certains ont fait un peu de provisions, ils ont amené leur manioc. Pour le moment, c’est ce qu’ils sont en train d’utiliser. On est en train de chercher quoi faire, mais on ne trouve pas de solution. »
Les conditions sanitaires, en ces temps de Covid-19, inquiètent les membres de la mission catholique. Ils espérent et demandent de l’aide, mais en attendant, les habitants de Dékoa restent sous la protection de la Minusca et des forces armées centrafricaines. Le Réseau des ONG de promotion et de défense des droits de l’Homme (RONGDH) a, de son côté, exprimé son « indignation » vendredi. Pour la coordinatrice du Réseau, Me Marie-Edith Douzima, la population centrafricaine est « prise en otage » par la reprise de la violence politique. Pour elle et pour son organisation, « trop c’est trop » et « la violence ne résout rien ».
« Vous vous rendez compte qu’on parle d’une nouvelle coalition qui regroupe les mêmes personnes qui nous ont rendu la vie difficile en 2003 et en 2013 ? (…) Nous ne voulons plus de la culture de la violence et de l’impunité en Centrafrique. »
Maderpost / Rfi