En partenariat avec la Banque Islamique de Développement (BID) le gouvernement du Sénégal a mis en place le Programme de développement de la microfinance islamique au Sénégal (Promise). La véritable finalité étant de voir la branche de la microfinance islamique devenir performante, inclusive et pérenne au service d’une économie émergente, dans une société solidaire. Que faut-il pour avoir accès aux financements islamiques ? Pour trouver réponse à cette question, Lejecos effectue une immersion dans les locaux de ce programme piloté depuis plus de 6 mois par Mme Fatou Diané Gueye.
PROMISE – Le Programme de développement de la microfinance islamique au Sénégal (Promise) a été créé pour diversifier les sources de financement des jeunes et femmes porteurs de projets. Ces financements répondent aux exigences de la finance islamique, notamment la microfinance islamique assujettie à la Charia.
L’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes constituent un enjeu majeur du Président de la République, Macky Sall. Ainsi, depuis quelques années maintenant, différents projets et programmes visant à augmenter et diversifier les sources de financement des projets portés par les jeunes et les femmes sénégalaises ont vu le jour.
Immeuble Mbine Ndéné, 137, rue Moussé Diop x Jules Ferry. Vous êtes au Promise! C’est le Programme de développement de la microfinance islamique (Promise).
L’entrée est, sur le plan sanitaire, soigneusement tenue. Covid-19 oblige ! Et il ne faut laisser aucune chance à l’ennemi invisible. L’accès, on est soumis à un exercice d’identification et de vérification du respect des mesures barrières. Sans quoi, impossible de franchir la porte d’entrée.
Le vigile, tout de noir vêtu vous réclame votre pièce d’identité avant de vous indiquer la porte de l’ascenseur qui vous mène au 6ème étage.
Ensuite retour au 1er étage où nous découvrons d’abord l’accueil, trois guichets dédiés aux porteurs de projets, un pour les Systèmes financiers décentralisés (Sfd) et le bureau du responsable des guichets. C’est madame Seck Yaye Fatou Sarr la responsable des guichets qui nous fait la présentation lors de cette visite guidée.
Au niveau de l’accueil, dit-elle, les porteurs de projets sont reçus et orientés vers les guichets avec leurs papiers autrement dit le document de projet, les pièces d’identification notamment la Carte nationale d’identité (CNI) ou le Passeport et les papiers juridiques que sont le registre de commerce et le NINEA pour les porteurs de projets.
Au niveau des guichets, se passe l’enrôlement. Ils sont sous tutelle de la direction de la structuration qui est composée des guichets et du bureau des chaines de valeur.
Ici, poursuit-elle, on encadre les porteurs de projets pour les aider à entrer dans la plateforme qui a été créée par le Promise, afin de permettre à ces derniers de s’inscrire directement. Mais pour l’instant, confie notre interlocutrice, elle n’est déployée qu’à Dakar et plus tard, la plateforme va être disponible partout au Sénégal. Ce moment venu, le porteur de projet pourra, à partir de sa localité, entrer dans la plateforme, s’enrôler lui-même et obtenir son numéro.
Donc cette plateforme permet l’enrôlement, la collecte de toutes les informations dont on a besoin pour l’analyse, pour le Charia board et éventuellement pour le financement au niveau des établissements financiers.
Rigueur et pragmatisme combinés
Et la responsable des guichets poursuit : « C’est ici qu’on dépose tous les dossiers. » Si le dossier n’est pas complet, on ne le rejette pas mais on encadre le porteur de projet pour le complément du dossier. S’il habite à Dakar, on lui laisse la possibilité de compléter son projet et de revenir. En revanche s’il habite dans les autres régions, « vous comprenez qu’on ne peut pas laisser quelqu’un rentrer pour ensuite revenir de si loin à Dakar pour simplement amener le complément de son dossier ».
Dans ce cas de figure, dit-elle, on prend le dossier rempli on lui donne un numéro et le dossier est mis en stand-by, en attendant qu’il envoie par WhatsApp ou par email le complément de son dossier. Ensuite « on l’introduit et le valide définitivement ». Et ça passe par les phases suivantes à savoir, la structuration, l’analyse, aux chaines de valeur. « C’est comme ça que cela se passe » conclut -elle.
L’enrôlement est bouclé par l’obtention, par le porteur de projet, d’un récépissé de dépôt qui contient son numéro de dossier, son numéro de téléphone, etc. Et le premier numéro lui permet de suivre l’évolution du dossier. En d’autres termes, cela lui permet de savoir si le dossier est à la structuration, au niveau du partenariat, au niveau du Charia board ou si c’est acheminé au niveau d’un établissement financier pour financement.
« Nous avons trois guichets dédiés aux porteurs de projets et un guichet pour les Systèmes financiers décentralisés (Sfd). », fait savoir Mme SECK. Avant d’ajouter que ce guichet sert à orienter les Sfd et à identifier les pistes de collaboration possibles avec ceux qui aspirent à offrir des produits et services liés à la finance islamique.
« Nous répondons d’abord à leurs questions, leur expliquons les modalités de la finance islamique. » Ensuite « nous les orientons vers la division partenariat et financement pour, au cas échéant, passer aux conventions et autres ».
Les financements ne se font pas au niveau du PROMISE mais chez les établissements financiers partenaires, précise tout de même Yaye Fatou Sarr. Qui renseigne dans la foulée qu’il y a des banques qui désirent faire de la finance islamique et ont signé des conventions avec le Promise.
Le Promise les aide d’abord à avoir les capacités nécessaires, des systèmes d’informations adaptés, ensuite à former le personnel dédié avant d’ouvrir la branche islamique.
Pour le porteur de projet, si toutes les modalités sont respectées, le dossier est envoyé, par le Promise, à l’établissement financier partenaire qui est le plus proche de son lieu de résidence pour procéder au financement.
Mais ce n’est pas n’importe comment que le financement est accordé. Car, la finance islamique, aussi bénéfique et sociale qu’elle soit, est assujettie à un certain nombre de critères. Et on en prend compte. Comment ? Par la mise en place d’un Charia board.
Un Comité Chariatique certifie la conformité des activités pour le financement
Le charia board est un comité composé d’imams, de professeurs qui ont des compétences en matière de Charia et peuvent certifier, la conformité, avec les exigences de la finance islamique, de l’activité décrite par le porteur de projet.
La finance islamique est adossée à la Charia, renseigne Mme Seck. En ce sens, le Charia board (Comité charia) a été créé à partir d’un appel à candidature, à la suite duquel, et après traitement des dossiers, cinq personnes ont été cooptées. Ainsi pour chaque produit, ces cinq personnes se réunissent pour définir les critères de conformité à la Charia qui traduit enfin l’éligibilité du projet au financement islamique.
Maderpost / Lejecos