Nous venions de sortir des années Covid 19, et la projection de croissance pour l’année 2022 se limitait à 4,7%, le taux d’inflation dépassait le seuil de 7%, les prix des denrées alimentaires atteignaient une hausse de 17,3% et les prévisions budgétaires pour l’année 2023 étaient autour de 6400 milliards de FCFA. La situation économique du Sénégal était décrite comme suit dans le rapport de la Banque mondiale de 2021 : “les paiements au titre du service de la dette extérieure restent élevés, puisqu’ils représentent environ 20,7% des exportations et 17,4% des recettes de l’Etat du Sénégal….L’analyse de viabilité de la dette de janvier 2022 montre que le Sénégal continue de présenter un risque modéré de surendettement extérieur et global, avec une marge limite pour absorber les chocs à court terme.”
DETTE – La Banque avait encore rappelé que “l’endettement public, notamment externe, s’est significativement accru depuis 2019 et les pressions extérieures persistaient, avec des importations en hausse”.
La Banque mondiale qui continuait à croire au modèle économique sénégalais, avait demandé à l’Etat du Sénégal de supprimer progressivement les subventions à l’énergie, d’éliminer les exonérations fiscales onéreuses, de renforcer le recouvrement des recettes et de rationaliser les dépenses non prioritaires.
Contrairement à l’optimisme des experts de la Banque mondiale, certains économistes du pays avaient émis des réserves sur l’endettement du Sénégal. A l’exemple de l’endettement avec le système des eurobonds dont l’Etat du Sénégal devait aux créanciers privés, une dette de 4 milliards de dollars Us (environ 2645) milliards de FCFA. Ce qui représentait 15% du PIB du Sénégal.
Selon les contradicteurs de la politique économique du Président Macky Sall, le danger avec ce mode d’endettement, c’est que le système des eurobonds est à apprécier à l’aune des risques de change en dollars, et que cette monnaie de change qui est fluctuante ne garantit pas la stabilité de l’emprunt des Etats faibles comme le Sénégal. Et le Sénégal qui n’emprunte pas dans sa propre monnaie est alors obligé de subir les taux de change, les taux d’intérêt et même les échéances de paiement, vu que la dette du Sénégal est évaluée à près de 50% en dollar.
L’endettement du Sénégal se situe au niveau de 73,2%, et il est au-dessus de la norme édictée par les critères de convergence de l’UEMOA qui est de 70%.
On peut aussi prendre comme exemple, le rapport entre le budget de l’Etat du Sénégal qui est de 6400 milliards de FCFA en 2023, et le volume de l’endettement qui est de 15 000 milliards à la même période. Avec ces deux cas on peut dire ça cloche quelque part, pour éviter d’être affirmatif sur le surendettement du Sénégal, que les tenants actuels du pouvoir rejettent systématiquement, en continuant ainsi de louer la qualité de la signature du Sénégal. Il faut également souligner que le Président Macky Sall ne semble pas encore miser sur la mobilisation de l’épargne nationale et l’apport du secteur privé national.
En fait il est à signaler que les rapports du FMI et de la Banque mondiale portent principalement sur les aspects techniques comme la croissance, le déficit budgétaire, la balance des paiements ou le niveau d’endettement. Ce qui ne reflète pas très souvent le niveau des populations.
A preuve malgré le volume d’argent qui est rentré dans le pays, c’est encore le ras-le-bol chez les Sénégalais, qui sont confrontés à la cherté de la vie, et à l’insécurité sociale. Et il s’imposait au Président Macky Sall de prendre des mesures de protection sociale et de soutien aux ménages.
Cette politique d’appui aux populations avait coûté à l’Etat du Sénégal la somme de 620 milliards de FCFA, dont 300 milliards de subvention pour le carburant, l’électricité et le gaz, 157 milliards de renonciation aux recettes fiscales, 120 milliards pour la revalorisation des salaires des agents publics, 43 milliards de transfert d’argent pour venir en aide aux 543 000 familles qui peinent à supporter le coût de la vie.
Mais il est à reconnaître que ces tentatives de solution ont manqué d’efficacité. Et c’est encore la croix et la bannière pour le régime de Macky Sall, qui doit encore faire face aux crises multiformes qui secouent le pays. Et ce n’est pas pour demain la veille que le régime de Macky Sall va arrêter l’inflation et soulager en même temps la souffrance des populations.
La question de fond, aujourd’hui, est que le Sénégal est confronté à une double équation, qui le place entre les exigences de la demande sociale, et l’obligation de respecter ses engagements auprès des institutions financières internationales.
Il faut avoir le courage de le dire, l’endettement du Sénégal pour financer le Plan d’émergence du Président Macky Sall, a coûté les yeux de la tête au peuple sénégalais. Le régime de Macky Sall se contente pour le moment, de faire des jonglages, pour assurer l’équilibre macro-économique du pays.
Par Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe
Maderpost