Put… ! Le mot a été lâché. Non pas une fois et à la fin du match, mais à plusieurs reprises de la rencontre Bolivie – Sénégal, samedi en France, tant il me semblait voir l’intensité de Liverpool de Sadio Mané ou encore les envolées de Meringués. Une maitrise parfaite de son sujet, un jeu fluide, des joueurs conquérants, comme je n’en avais pas vu depuis longtemps, depuis très longtemps, pour ne pas dire de l’époque du Jaraaf de Mbaye Fall ou de la Jeanne d’Arc de Christophe Sagna.
FOOT – Du jeu, un projet. De la gueule. Certes on me dira que les Boliviens ne sont pas un foudre de guerre. Avec trois participations en Coupe du monde, en 1930, 1950 et 1994 qu’elle s’est contentée de suivre à la maison après le cap du premier tour, il n’y a pas quoi faire le paon. D’autant que c’est là autant de participations que le Sénégal, qui a tout de même mieux fait avec un quart de finale dès sa première participation en 2002 en Corée du Sud et au Japon.
Il est vrai que les deux pays partagent la victoire continental en 1963, la Copa America pour les Boliviens, le Tournoi de l’Amitié pour les Sénégalais confisqué dans un stade flambant neuf éponyme qui deviendra plus tard Demba Diop. Il y a aussi pour la Bolivie ce premier tour expéditif en en phases finales de la Coupe des Confédérations en 1999. Pas donc de quoi pavoiser en ce qui concerne le calibre de l’adversaire sud-américain quand bien même nous serions sur le même registre pour ce qui est du palmarès grosso modo.
Mais les raisons de ma satisfaction ne sont pas là. Certes l’adversaire et son niveau comptent, mais reconnaissons aussi que nous avons joué contre plus faible, chez nous, en étant incapables d’aligner 8 passes de suite.
Le changement est que s’il m’est arrivé de regarder à plusieurs reprises pour ne pas dire toujours des matches des Gaïndés avec des pointes stomacales indéfinissables ne se calmant qu’avec la consommation abusive de Maalox, non pas parce que la peur de perdre m’infligeait des douleurs, mais parce que rien dans ce que les joueurs développaient sur le pré ne renvoyer à l’idée que j’ai du foot.
Beaucoup ont cru que je parlais de beau jeu, il n’en était rien. Il s’agissait plutôt pour moi de mettre le curseur sur les plans, projets dont la cohérence et la restitution sur la pelouse étaient suspects .
Pour faire simple, rien ne renvoyait au jeu que les Gaïndés ont restitué samedi contre les Boliviens. Match dans lequel nous avons vu la verticalité répétée à foison, des combinaisons sur les côtés renouvelées, une densité infernale au milieu, une capacité de récupération féconde, de la créativité en veux tu en voilà, des automatismes, un bloc haut, une volonté soutenue de priver l’adversaire du ballon.
Il a fallu des changements en fin de match pour que l’étau sénégalais se desserre et que les Boliviens aient plus d’espace ce qui se comprend, sans vouloir mettre la faute sur personne.
Cette transcendance des Gaïndés s’explique. Du point de vue technique, personne n’est mieux placé qu’Aliou Cissé pour donner les raisons d’un tel changement et les variations notées dans le jeu produit par ses joueurs. Le nouveau statut du Sénégal sur le plan continental, consolidé depuis plusieurs années maintenant sur le plan international l’explique aussi. Une confiance en de gagnée et cultivée Enfin, l’arrivée de nouveaux joueurs ambitieux et déterminés à se faire une place dans l’équipe et faire briller leur pays sous le soleil du Mundial qatari.
Ce qui est non seulement bon pour leur pays mais aussi pour leur carrière qui se retrouverait relancée pour ne pas dire propulsée.
Pour ne pas faire dans l’individualité, ce que l’on peut se permettre au vu des performances individuelles, j’ai choisi plutôt de saluer la performance collective et les paris techniques osés par le staff. Je reste convaincu que les Sénégalais passionnés de football ont été charmés par leurs Gaïndés, leur engagement et générosité, mais aussi par leur esprit fédérateur et conquérant. Ce n’est peut-être pas nouveau. On ne gagne pas deux fois l’Egypte, en finale de Coupe d’Afrique et en match décisif qualificatif pour la Coupe du monde, sans avoir pris de la bouteille.
Il reste à confirmer mardi prochain contre l’Iran pour prouver que la performance contre la Bolivie n’est pas le fait d’un jour de foot pas comme les autres. En principe la vitamine C devrait succéder à Maalox, définitivement.
Maderpost / Charles FAYE