Voilà que l’Europe se mobilise pour colmater, d’abord, les fissures de l’Union mise à mal par le Brexit, ensuite par la pandémie Covid qui a montré de fortes désolidarisions. Décryptage du lundi sur Maderpost.
ANALYSE – Les spécialistes des questions géopolitiques sont formels. Mal en point avec le covid-19, qui a montré les limites européennes dans la gestion politique de la pandémie, et obligé les pays à user à volonté de la planche à Euros pour soutenir les banques et sauver les entreprises de la banqueroute, l’Union européenne s’emploie à réussir le virage 2022, afin de revenir dans la course pour ne pas se faire largement distancer par la Chine, les Dragons d’Asie, la Russie et la Turquie.
Le show du Président français face aux jeunes entrepreneurs, activistes africains, récemment à Paris dans ce que le continent a qualifié de « controversé » et « pseudo » sommet France-Afrique, dénote une volonté claire du « soldat » de l’hexagone de composer avec une génération plus jeune d’Africains, ressentant et pensant de la même manière que les Français et Européens. La révolution digitale ayant réussi ce qui a toujours été refusé aux Africains, notamment, le transfert des technologies, Macron, pour la France et l’Europe, ne veut pas vivre de loin de loin les prochains épisodes Chine-Afrique, Russie-Afrique et certainement bientôt Turquie-Afrique.
Ainsi, il ne serait peut-être pas faux de croire que Macron, actuel homme fort de l’Europe, a entamé un processus de retour du Grand Occident. Ce qui ne pourrait que faire du bien à son pays et à l’Europe, même si la menace du repli identitaire théorisé par les partis ou leaders d’extrême droite et le très médiatique Eric Zemmour ne sont pas à négliger.
L’horizontalité qu’Emmanuel Macron a voulue montrer à ses jeunes interlocuteurs africains n’a jamais été aussi souhaitée que maintenant par la France qui sait que l’Afrique, particulièrement les pays francophones, est pour la France, la dernière bouée de sauvetage. Il sait qu’il n’y a aucun avenir pour la France sans l’Afrique. Pire, qu’il n’y a aucun avenir pour la France isolée de l’Afrique par l’extrême-droite. C’est en cela que Macron devient le soldat de l’hexagone, et pas seulement que des Gaulois.
A sept mois de la présidentielle française, l’Union européenne formule des vœux pieux pour la réélection de Macron. Elle attend beaucoup du financier qui a quand même réussi à torpiller le deal des sous-marins australiens, obtenant ainsi le report des négociations de l’accord commercial UE-Australie et également le report de la signature de l’accord commercial US-UK. Le même Macron qui, inflexible avec le traité de libre-échange UE-MERCOSUR, a obtenu que la Grèce, malgré ses problèmes de trésorerie, qu’elle signe l’achat de trois frégates.
Un leadership français s’il en est que l’Union apprécie à plusieurs égards pour se réinventer et faire face à l’ouragan commercial chinois, l’Inde le laboratoire informatique de Pékin, à Singapour, la Malaisie, au Vietnam, la Corée du Sud, et surtout la Russie et la Turquie pays musulman. Tous ces pays ont jeté leur dévolu sur Afrique. La Lybie, le Mali, la Centrafrique ne sont-ils pas des mines de richesses à ciel ouvert ?
La reconstruction de l’Europe passe par des transformations systémiques si elle veut face à la rivalité tout aussi systémique avec la Chine.
De ce point de vue, il faut aller au-delà de l’Europe et dire que c’est tout l’Occident qui joue son avenir, avec en lame de fond un repli identitaire judéo-chrétien. Sans le « guerrier » Trump qui doit certainement manquer à l’armée US qui désespère du placide Joe Biden, les Etats-Unis, en discussion permanente avec la Chine pour arrondir les angles et retarder le départ supersonique de Pékin, sont logés à la mémé enseigne.
Les défis sont nombreux pour l’Occident. Il s’agit pour lui de faire face à crise multisectorielle, à l’ambition acclamée des Anglo-saxons de recréer les grands empires, ce qui laisse entendre le repositionnement géopolitique du Royaume Uni, aux risques pesant sur le système financier européen post-covid-19, à transformation inévitable du système monétaire international, à la transformation en profondeur finalement de l’Union européenne.
Des changements pour la consolidation du bloc occidental et européen en particulier, qui ne peuvent s’opérer sans une défense européenne forte, soit une Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) plus apte à faire face aux nouvelles turbulences du monde et surtout aux appétits, russes turcs et surtout chinois.
D’où le besoin pour l’Europe de revoir sa copie de sa politique étrangère, d’analyser et tirer profit des grands bouleversements des scènes politiques dans le monde et de regarder surtout du coté de l’Afrique où tout ce qui arrive n’est par forcement du fait et vœux de ses habitants et gouvernants.
L’Europe se mobilise pour se réinventer afin de prendre plus de volume et se mettre à niveau avec la Chine et les États-Unis.
Mardepost / Charles FAYE