La Fed a réduit mercredi son principal taux d’intérêt directeur de 25 points de base, sa deuxième baisse en moins de deux mois, mais elle a donné peu d’indices sur ses intentions pour les prochains mois.
Trois des 10 membres du Federal Open Market Committee (FOMC) disposant d’un droit de vote se sont en outre prononcés contre la baisse de taux d’un quart de point, l’un d’eux prônant une baisse d’un demi-point et deux autres demandant le statu quo.
« La Fed a consenti une nouvelle baisse de taux de 25 points de base mais a délivré un message confus en révisant à la hausse sa prévision de PIB tout en se disant préoccupée par la croissance et en ignorant complètement le récent réveil de l’inflation », commente le chef économiste d’ING, qui relève en outre l’absence de consensus au sein de l’institut d’émission sur la nécessité de baisses de taux supplémentaires.
La fin de l’unanimité
De la même façon que les économistes et les gourous émettent maintenant des doutes et des jugements contradictoires sur la politique de la Fed et ses cafouillages, les gouverneurs se dissocient.
Il n’y a plus d’unanimité et ce n’est pas simplement une posture. Il y a divergences. Ceci tient au fait que :
– les politiques antérieures ont échoué ;
– la balance des risques/bénéfices a penché du côté des risques ;
– Donald Trump brouille les cartes et les jugements par ses pressions politiques ;
– l’international est loin d’être clair, et la Fed s’interroge sur sa mission et ses responsabilités au niveau mondial ;
– les initiatives de Mario Draghi, à la BCE, sont contestables ; il force la main de la Fed et des Japonais ;
– la conjoncture américaine est opaque, avec des indicateurs erratiques et contradictoires ;
– plus fondamentalement, le système monétaire révèle les contradictions qui étaient enfouies depuis Bretton Woods : le dollar ne peut à la fois être de façon harmonieuse la monnaie domestique américaine et en même temps la monnaie de réserve mondiale.
Là n’est pas encore le plus important ; il s’agit de l’écume des choses. Le fond, c’est tout simplement l’échec de la pensée théorique qui sous-tend l’action du quarteron monopolisateur des banques centrales.
L’Histoire est en marche
La normalisation qui a été tentée était impossible – elle n’a jamais été technique mais politique. Il fallait faire croire aux élus, au Congrès, aux peuples et aux médias que l’on pouvait sortir des politiques non-conventionnelles.
Maintenant, on sait que c’est impossible, comme je l’ai écrit dès 2008 et 2009 : ils ont brûlé leurs vaisseaux.
Tout comme je répète que face à la nécessité qui est mise en branle, face au terrible engrenage, il n’y aura nul endroit pour se protéger de la catastrophe qui ne manquera pas de se produire – dans un mois, dans un an, dans 10 ans…
Il suffit de prolonger les courbes et les ratios pour savoir que nous sommes dans l’absurde.
Nous sommes déjà dans des phases de révélation et de prise de conscience : nul besoin de prédire le futur, il est déjà joué, de la même façon que le champ de blé est déjà contenu dans les grains de blé que l’on sème.
Nous sommes déjà dans les « jeunes pousses »... de la future révulsion.
La fin de la comédie de la normalisation était écrite. Un nouvel acte commence.
Bruno BERTEZ