La commémoration du 19e anniversaire du naufrage du ’’Le Joola’’ se prépare. Face à la presse, ce mercredi 8 septembre, le Comité d’initiative pour l’érection du Mémorial-Musée Le Joola a fait face à la presse, à la veille de l’évènement, pour livrer le message des familles des victimes. Leurs doléances restent les mêmes. C’est dans ce sillage que le comité a rappelé le dépôt sur la table du gouvernement, depuis 2007, d’un Mémorandum en cinq points : la prise en charge des orphelins et rescapés, le renflouement de l’épave du bateau, la justice pour toutes les victimes du Joola, l’édification du Mémorial Le Joola, le choix du 26 septembre comme une journée nationale de souvenir. D’ailleurs, le thème retenu, cette année, en dit long sur le ressentiment des membres du comité : “Naufrage du Joola et gestion de la pandémie : l’irresponsabilité se poursuit”.
NAUFRAGE « LE JOOLA » – En effet, aux questions de savoir comment le gouvernement a-t-il géré le dossier du ’’Le Joola’’ depuis 19 ans ? Qu’a-t-il fait du Mémorandum soumis par les associations de familles de victimes ? “D’une manière générale, les gouvernements successifs de 2002 à 2021 ont manifesté peu de volonté politique dans la prise en charge des doléances des familles des victimes”, rétorquent Samsidine Aïdara, membre du comité et orphelin du Joola, et ses jeunes camarades, qui ont pris le relais aujourd’hui.
L’État cible des critiques
“Les points concernant le renflouement, la justice et la journée du souvenir sont toujours au point mort. Il y a, par contre, quelques avancées en ce qui concerne la prise en charge des orphelins et pour l’édification d’un Mémorial. Le premier est relatif à la prise en charge des orphelins. Le gouvernement ayant attendu dix ans avant de s’y atteler, n’a pris en charge que ceux qui avaient moins de huit ans au moment du drame”, martèlent-ils, par ailleurs.
Poursuivant, ils ajoutent que “ce n’est que le 17 février 2021, que le Conseil des ministres a pris la décision de prendre en charge financièrement les orphelins non déclarés pupilles. La mise en œuvre de cette directive nécessite, d’une part, le recensement exact de tous les ayants droits afin d’éviter des omissions qui sont toujours des sources d’injustices, de frustrations et/ou de contestations.”
En termes de recommandations, ces orphelins préconisent que le recensement et la prise en charge partent de la situation de 2002. Ainsi, se basant sur la loi 2006-39 du 7 novembre 2006 instituant le statut de pupille de la Nation, ils invitent l’office des pupilles de la Nation à compléter la liste”, rappelant qu’ “au lendemain du naufrage, près de 1900 orphelins mineurs avaient été recensés, et le gouvernement avait pris l’engagement solennel de les prendre immédiatement en charge.” Ce qui n’a pas été fait, déplorent-ils.
Alassane Thiam, orphelin et pupille de la Nation, va plus loin, indiquant que “ceux qui ne sont pas déclarés ne sont pas des pupilles mais des orphelins. Les rescapés ne sont toujours pas pris en charge. Les orphelins ne sont pas pris en charge totalement. On doit les indemniser depuis le 1er janvier 2002, jusqu’en 2021. Mais on a commencé en 2012, dix ans après le naufrage du Le Joola. Actuellement, il y a une liste qui circule comptant 376 orphelins. Il y a trop de choses qui bloquent.”
Toutefois, les nouveaux membres du Comité se réjouissent du démarrage des travaux de construction du mémorial musée le Joola, à Ziguinchor. Ils attendent “impatiemment” sa réalisation ainsi que sa réplique sur la corniche Ouest de Dakar. “Il y a aussi le point du contenu pour lequel on pense que les familles de victimes devraient être impliquées”, appuie Samsidine Aïdara. Par rapport au projet en question, ils veulent “un modèle de Mémorial composé d’un édifice polyvalent comprenant un Musée du souvenir et un Centre de recherche sur la sécurité humaine, la prévention des risques et des catastrophes”, en plus de leur permettre de faire une partie de leur deuil, signale Martine Kourouma, membre du Comité et également orpheline.
La Justice ? “On veut savoir qu’est-ce qui a provoqué la mort de nos parents ? Est-ce la faute de l’État ? Pour un accident qui a eu lieu à 23 heures, et des secours qui sont venus vers 17 heures, le lendemain, 27 septembre. A qui la faute ?”
En raison de la pandémie à Covid-19, le 26 septembre, il est prévu un minimum d’activités. Un dépôt de gerbes de fleurs en mémoire aux victimes sera effectué à 12 heures, à la Place du Souvenir et dans les cimetières. Une minute de silence sera aussi observée.
Le Joola est le ferry qui assurait la navette entre la capitale sénégalaise et la région naturelle de Casamance. Il a sombré le 26 septembre 2002, causant 1 863 morts et disparus, selon le bilan officiel.
Maderpost / Emedia