Dans quelques heures, le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. Cette journée du 31 janvier marque l’apogée d’un feuilleton débuté le 23 juin 2016, quand les Britanniques ont voté le divorce. Dans les faits, cette rupture géopolitique n’aura aucune conséquence dans les mois à venir.
BREXIT – It’s time. L’heure est à la fête, vendredi 31 janvier, pour les Brexiters et à la tristesse pour les europhiles : après avoir été repoussé trois fois, le Brexit est prévu à 23 h (heure de Londres, minuit heure de Paris), trois ans et demi après son vote par 52 % des Britanniques au référendum de 2016.
“C’est le moment d’un vrai renouveau et changement national”, doit dire le Premier ministre Boris Johnson dans un discours à la nation qui sera diffusé une heure avant le grand saut, tandis qu’une horloge lumineuse projetée sur Downing Street lancera le compte à rebours.
Champion du Brexit, élu à une large majorité en décembre sur la promesse de le réaliser, le conservateur Johnson souhaite “unifier” pour aller “de l’avant”. La tâche s’annonce néanmoins difficile. Selon un sondage de l’institut YouGov, seuls 30 % des partisans du “Remain” ont accepté la rupture.
Un pays divisé
À Londres, les réactions sont très divisées. “C’est notre identié européenne qui va nous échapper. C’est une journée très triste. J’espère qu’il y aura une opportunité de rassembler la nation”, s’inquiète un Londonien interrogé par France 24. “Je suis terriblement déprimée, c’est la fin d’une ère”, confie une autre. De leur côté, les eurosceptiques frétillent. “Je pense qu’il y aura quelques rabat-joie qui vont essayer de gâcher la fête en criant ‘Stop’ au Brexit. Mais je suis impatient!”, s’enthousiasme un Brexiter.
Plusieurs événements sont prévus pour marquer l’événement. Nigel Farage, figure de proue des eurosceptiques, a prévu une fête devant le Parlement, dont la célèbre cloche Big Ben, en travaux, restera toutefois muette. “Ceux qui ont toujours voulu ce Brexit vont se retrouver devant Westminster et aussi dans les pubs de la capitale britannique et de tout le pays”, indique Clovis Casali, envoyé spécial de France 24 à Londres. Une pièce spécial Brexit de 50 pence (60 centimes de l’euro que le Royaume-Uni a toujours refusé d’adopter) entrera aussi en circulation.
À l’opposé, le maire de Londres, le travailliste Sadiq Khan, a décidé d’une journée portes-ouvertes pour accueillir les citoyens européens qui vivent dans la capitale. Tour aussi affectés par le Brexit, ces citoyens non britanniques sont inquiets de la suite des événements. Mais ce fils de taximan pakistanais et europhile convaincu leur a promis : “Londres ne vous abandonnera jamais”.
L’ex-eurodéputé libéral-démocrate Antony Hook a pour sa part étendu sur les falaises de Douvres une banderole de 150 mètres carrés témoignant de son amour pour l’Europe : “Nous aimons toujours l’UE”. Et dans l’europhile Écosse, où le Brexit a ravivé les velléités d’indépendance, le drapeau européen continuera à flotter devant le Parlement.
Pas de changement concret
Le jour a beau être historique, il n’entraînera pas de grand changement concret dans l’immédiat, si ce n’est le retour du passeport bleu, préféré au bordeaux européen, ou la fermeture du ministère du Brexit, qui perd sa raison d’être.
Ce clap de fin, qui n’en est pas vraiment un, marque surtout le début d’une deuxième saison dans la saga du Brexit. “Pour que la séparation se fasse en douceur, une période de transition perdurera jusqu’à la fin de l’année, pour que le gouvernement britannique puisse négocier des accords commerciaux et dessiner les contours de la future relation avec l’Union européenne”, explique Clovis Casali.
Dans cette deuxième saison se posera aussi la question d’un rapprochement avec l’allié historique américain, Donald Trump, qui s’était montré un enthousiaste soutien de ce divorce, synonyme selon lui de nouvelles perspectives économiques.