Masques gratuits pour tous, rues désertes et tests aléatoires : la petite ville de Cedro do Abaeté, dans le sud-est du Brésil, est la seule à n’avoir enregistré aucun cas de coronavirus dans le pays, le deuxième le plus endeuillé au monde.
INTERNATIONAL -Avec ses 1200 habitants, cette localité située au coeur de l’État du Minas Gerais est passée à travers quasiment neuf mois de pandémie au Brésil sans un seul cas de contamination, quand la Covid-19 a fait plus de 170 000 morts et infecté 6,1 millions de personnes dans l’immense pays latino-américain.
Un tel succès s’explique par «plusieurs facteurs», dit à l’AFP Carlos Rodrigues Pinto, un responsable à la mairie de Cedro do Abaeté.
«Ici nous n’avons aucun transport en commun, c’est une ville paisible, et le secrétariat à la Santé a insisté sans relâche pour que les habitants restent chez eux et appliquent les règles de distanciation physique», égrène-t-il.
La commune se limite à une artère principale et deux rues parallèles traversées par quelques ruelles. Elle est déserte et le silence n’est brisé que par le haut-parleur qui avertit les habitants, matin et soir, que le virus reste en embuscade.
«Il est important que les gens écoutent», dit Flavio Rafael, qui a attaché sur un cageot posé sur sa bicyclette le haut-parleur transmettant le même message à la population: «Notre ville est la seule au Brésil sans aucun cas confirmé, il n’y a que vous qui pouvez maintenir le virus à distance.»
Au Brésil, aucune politique sanitaire n’a été appliquées uniformément, et le sujet a même été au coeur d’un conflit entre les gouverneurs des États et le président Jair Bolsonaro, anticonfinement et rétif au port du masque.
Mais alors que les restrictions sanitaires mises en place localement sont de plus en plus abandonnées même si le coronavirus repart à la hausse, le message émis par le haut-parleur de Flavio, qui émane du secrétariat à la Santé de Cedro do Abaeté, est: «Ne vous relâchez pas!»
«Je me sens en sécurité ici, dit à l’AFP Meire Aparecida, une habitante rencontrée chez elle. Mais je ne me sens pas en sécurité si je sors, alors je reste à la maison.»
Cedro do Abaeté, situé à 270 km de la capitale de l’État, Belo Horizonte, a été fondée en 1963, lors de la recherche de diamants dans la région, raconte Rodrigues Pinto.
Elle se consacre aujourd’hui essentiellement à l’élevage pour la consommation locale. Deuxième plus petite localité du Minas Gerais, elle dispose juste d’une église et de quelques petits commerces.
Les habitants ont en général plus de 50 ans et Cedro do Abaeté n’a qu’un dispensaire. L’hôpital le plus proche est à 35 km, à Abaeté.
Avant l’arrivée de la pandémie, les habitants allaient s’y faire soigner; mais depuis, le secrétariat à la Santé a décidé de faire venir les médecins de spécialité sur place.
La distribution de masques a fait partie du plan de lutte antivirus.
«Nous avons monté une fabrique de masques et on en a distribué à tout le monde», dit Cassia dos Santos, secrétaire à la Santé de la municipalité.
Aucun cas suspect n’ayant été enregistré, les autorités sanitaires ont procédé à des tests aléatoires dans des lieux comme les magasins, où il y a plus de passage.
Le responsable à la mairie Carlos Rodrigues Pinto espère que la petite ville, tapie à l’ombre des collines typiques du Minas Gerais, pourra garder l’originalité dont elle est si fière.
Mais avertit-il, la vigilance reste de mise, «parce qu’à n’importe quel moment nous pouvons être surpris et avoir un cas de Covid-19».
Maderpost / AFP