Candidater sans direction artistique ni thème, un rapport financier introuvable de l’édition précédente, une prolongation de l’appel à candidature pour l’exposition internationale jusqu’au 15 septembre et une note conceptuelle qui n’est disponible que maintenant ! On connaissait la difficulté de faire respecter les règles aux artistes, mais cette fois, ce seraient plutôt les organisateurs de la Biennale qui s’essaient à l’amateurisme ! Du moins, c’est comme cela que le Collectif des artistes appelant au boycott de l’édition 2024 avait dépeint la gestion du Secrétariat général de la Biennale. Séance d’explication !
BIENNALE 2022 – C’est ce qu’on appelle mettre la charrue avant les bœufs ! La note conceptuelle devant dessiner les contours de l’Exposition internationale de la 15ème édition de la Biennale de Dakar vient d’être publiée. Seulement, elle vient après qu’un appel à candidature pour les exposants a été publié des mois avant. Cet appel à candidature vient d’être prolongé jusqu’au 15 septembre prochain. Sur quel thème les premiers postulants ont déposé leurs œuvres ? Comment peut-on choisir les artistes qui garniront les cimaises de l’exposition internationale sans que ceux-ci ne sachent l’orientation conceptuelle de la 15ème édition de la Biennale ? Voilà des questions que Marème Ba, la Secrétaire générale de la Biennale, s’est fait un point d’honneur de répondre.
« Depuis 2018, nous lançons l’appel à candidature au mois de mai ou de juin, en attendant la nomination des membres du Comité d’orientation par arrêté ministériel. Ce n’est pas une grande première, ni sur le plan national ni international. Cela se fait partout. Les artistes locaux ont l’habitude de postuler à des appels internationaux. En plus, on ne peut pas attendre le dernier moment pour lancer un appel à candidature. On organise une biennale par anticipation », a-t-elle expliqué. Ainsi, pour 2024, même si le thème n’a pas encore été publié, la note conceptuelle rendue publique la semaine dernière, laisse penser qu’on s’achemine vers un sujet qui a trait à l’éveil, l’écologie et au sillage. Pour le critique d’art Aliou Ndiaye, qui a collaboré avec plus de 7 biennales, c’est tout bonnement « inacceptable ». « A défaut d’avoir le bilan financier de l’édition de 2022, au mois de juin passé, on a été surpris de voir l’appel à candidature pour l’édition 2024. On ignorait qui était le directeur artistique, encore moins le thème à cette époque. Cet appel à candidature est juste inacceptable », a-t-il expliqué. Pour lui, le Secrétariat de la Biennale a un problème de transparence. Il soutient qu’avant de jeter les bases de l’édition de 2024, les organisateurs devraient au moins exposer le bilan de l’édition de 2022. « A cause du Covid-19, l’édition de 2020 a été reportée. Qu’on nous dise à quoi les budgets annuels de 500 millions ont servi ?», s’est-il interrogé.
Pour Marème Ba, le budget a été exécuté dans les règles de l’art. Elle a affirmé ceci : « Pour la Biennale 2022, nous avions 2 milliards Cfa dont 1 milliard 450 millions, qui est la dotation sur 2 ans. Dans le cadre du Programme de résilience, le Secrétariat général de la Biennale a été opératrice pour le secteur des arts. Une partie de notre budget a été consacré à cela, soit 500 millions Cfa. Nous avons abondé le domaine artistique privé de l’Etat. Nous avons reçu environ 500 artistes sénégalais ou résidant au Sénégal. Nous avons acheté des œuvres pour le compte de l’Etat. Nous avons remis 500 mille Cfa à chaque artiste dont l’œuvre n’a pas été retenue et 200 mille pour chaque artiste qui n’a pas postulé. Le Covid était au mois de mars alors que la Biennale dont les travaux étaient avancés, était prévue au mois de mai. Les prestations intellectuelles étaient déjà payées. La subvention était de 500 millions et nous les avons épuisés dans le cadre du Force Covid. »
Saisine de l’Ofnac
Faut-il le rappeler, un Collectif des artistes plasticiens (Cap), dirigé par le sculpteur sénégalais Ousmane Dia, s’était élevé pour fustiger la gestion de la Biennale. Parmi les griefs soulevés, le programme de la Biennale reçu à deux jours de l’ouverture, des œuvres vandalisées, des artistes de Doxantu sommés de réaliser leurs œuvres en quatre jours, ou encore des médiateurs culturels qui ont dû faire un mouvement de protestation pour percevoir leur pécule de 50 000 francs Cfa, entre autres manquements notés par le Cap.
«Personne ne saurait nier les efforts déployés par l’Etat du Sénégal, en termes de mobilisation de ressources financières, et nous devons d’ailleurs le remercier pour cela car deux milliards de nos francs ainsi que les nombreux apports des sponsors, il y avait de quoi donner un succès retentissant à cet évènement, surtout qu’il a connu 4 bonnes années de préparation », avait écrit le collectif dans une note dont Le Quotidien avait obtenu copie. Le collectif avait par la suite saisi l’Ofnac d’une plainte le 12 juillet 2022. L’entretien que la Secrétaire générale de la Biennale, Marème Ba, a accordé au Quotidien est disponible sur toutes nos plateformes en ligne.
Maderpost / Le quotitdien.sn