JUSTICE – S’il y a une chose qui est désormais claire dans la tête de certains Sénégalais dont la mienne pour dire vrai, c’est que nous ne comprenions plus rien à notre justice et à nos spécialistes du Droit qui se contredisent sans ménagement, à longueur de journée, jusqu’au plus haut niveau de l’appareil judiciaire, – notamment la première sortie du Procureur général et son revirement si on peut l’appeler ainsi parce que n’y comprenant rien -, sur cette affaire Khalifa Sall pour laquelle la Cour de justice de la CEDEAO a émis une décision contradictoire sur le respect des formes en déboutant le Sénégal et sur laquelle, la justice sénégalaise, inflexible, a décidé se prononcer à contrario.
Le ton est quasiment donné la veille, mardi, la veille avec la lettre écrite du Procureur général, Lansana Diabé Siby, qui demande au président cette même Cour d’appel de Dakar, en l’occurrence M. Demba Kandji, de rejeter la demande de libération de Khalifa Sall.
Dans un réquisitoire de 10 pages, dont Seneweb livrait les grandes lignes, le parquet général signalait au juge « qu’il n’y a pas lieu de libérer (le maire de Dakar) et que la demande en ce sens doit être rejetée ».
A l’audience du 12 juillet, le même Procureur général formulait un réquisitoire que la société avait perçu et à raison comme un appel à la libération de Khalifa Sall, en application de l’arrêt de la CEDEAO qui pointait des irrégularités dans la procédure ayant conduit à la condamnation de l’édile de la capitale et ses co-prévenus.
La plume est serve …
La presse s’en était émue. Rien ni personne ne sont venu lui dire qu’elle se trompait dans le commentaire libre. Personne n’est venu dire à la presse que le Procureur général « n’avait pas dit ça », en dépit de la gravité du sujet et de l’image que véhicule notre justice aussi bien sur le plan national qu’international. Il faut croire peut-être que l’image du Sénégal, en ces temps de concurrences acerbes, compte peu ou pas du tout pour que l’on s’intéresse suffisamment à la solidification de ses institutions. Surprenant !
Quoi qu’il en soit, le mal est fait.
D’ailleurs, à l’analyse des propos du chef de l’Etat qui avait dit lors d’une rencontre avec le Secrétariat national de son parti (SEN) au Palais que le Sénégal fera face aux « pressions nationales et internationales » concernant cette affaire, chacun de nous peut, avec des éléments d’analyse, se faire un film de la situation politique du Sénégal dans la CEDEAO et probablement celle de notre pays sur la scène internationale et peut-être prédire la température politique qui sera celle des prochains mois avant la présidentielle 2019.
Le grabuge promet ! Pourvu que l’on sache ce que l’on fait et qu’on n’ait pas à s’en mordre les doigts.
Cela dit, serions-nous devant une cacophonie incodommodante nous plongeant dans une situation particulière souffrant d’une clause de confiance sur les terrains de la justice, politique, économique et social, que nous ne resterions fidèles à la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics et ne serions les défenseurs de la mise en place d’un outil incorruptible .
Nous ne sommes pas là pour faire la part belle à Khalifa Sall avec un soutien aveugle ou pour faire face à notre justice dans la laquelle nous ne se reconnaissons plus.
Le militantisme pour une justice plus conforme au juste et à sont dit, dans la forme comme dans le fond, et pour une politique intègre reste notre seul crédo. Cela pourrait surprendre, il y en toujours qui trouveront à dire. Peu importe. Mais il est clair que le Sénégal ne peut plus se permettre de souffrir du manque de confiance grandissant à nos institutions.
OGM