Ces dernières années, le système bancaire africain, entre fusion-acquisition, rachat et recapitalisation, est en grand mouvement. Le secteur connait d’importantes mutations. Il y a deux ans, le BNP Paribas a annoncé les couleurs. Le 28 juillet 2022, ce groupe bancaire français cédait au groupe d’assurance SUNU de feu Pathé Dione 54,11% de son capital dans la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Sénégal. Cette banque commerciale tombe dans l’escarcelle des nationaux. BICIS devient SUNU BICIS. La machine s’emballe.
EDITO DU MAGAZINE « LE MARCHE » – Un autre groupe, pas des moindres, la Société générale, prend le relais et démarre son retrait progressivement. Le 8 juin 2023, l’institution financière signe des accords avec deux groupes bancaires panafricains en vue de la cession de ses filiales au Congo (93,5%) et en Guinée Équatoriale (57,2%) au Groupe Vista, et de ses filiales en Mauritanie (95,5%) et au Tchad (67,8%) au Groupe Coris. L’opération de retrait de la Société Générale se poursuit avec la cession pour 745 millions d’euros de la Société Générale Marocaine de Banques et de La Marocaine Vie au groupe d’assurance SAHAM de l’homme d’affaires marocain, Moulay Hafid Elalamy.
Assiste-t-on au crépuscule des banques étrangères en Afrique ? Avec toutes ces opérations de désengagement des banques françaises en moins de deux ans qui offre une nouvelle configuration au système bancaire africain et une redistribution de la carte entre les champions nationaux, tout porte à le croire.
Pour l’agence de notation financière Fitch Ratings, le retrait des banques françaises d’Afrique offre aux groupes bancaires panafricains émergents un espace significatif pour se développer. Mieux, il devrait stimuler la concurrence qui profite au marché local.
Si ce départ des Français libère des marges, les acteurs locaux devraient toutefois faire face aux nombreux défis liés notamment à la maitrise des risques légués par les banques étrangères, à la capacité d’adaptation au nouvel environnement en perpétuel mouvement et à la phase de transition qui reste un moment délicat pour les repreneurs.
L’autre défi concerne le respect de la réglementation bancaire. En effet, ces opérations de fusion-acquisition et de rachats sont intervenues dans un contexte où certaines places financières comme celles de l’UEMOA initient des réformes en conformité avec le respect des normes prudentielles (Bâle II et Bâle III).
Dans l’espace UEMOA, le montant du capital social minimum devrait passer de 10 à 20 milliards de FCFA. Et les établissements de crédit auront 3 ans pour se conformer. Une réforme qui ne sera pas sans conséquences sur le devenir du système bancaire.
Ce présent numéro de votre magazine « LE MARCHÉ » vous plonge au cœur des enjeux et défis de ces nouvelles réformes avec les éclairages de spécialistes. L’autre fait marquant est que ces grands deals n’épargnent pas non plus l’industrie des assurances. Deux grosses opérations de fusion se sont produites en Côte d’Ivoire et au Sénégal avec les deux grands groupes SANLAM et ALLIANZ qui ont décidé de se mettre ensemble.
Dans un contexte de fortes perturbations sur les marchés financiers internationaux, il est plus que jamais impératif de doter notre continent d’un marché bancaire solide, résilient, capable de faire face aux chocs exogènes et endogènes et de contribuer considérablement au financement de nos économiques à travers la mobilisation de l’épargne domestique.
Maderpost / Le Marché