Selon un rapport publié en février dernier par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), le continent africain est la première destination des déchets textiles exportés par l’Union Européenne. En effet, ces produits sont réutilisés localement, étant donné que « 40% des textiles importés finissent cependant dans des décharges à ciel ouvert ».
RAPPORT – Environ 40% des textiles usagés exportés chaque année par les pays membres de l’Union européenne (UE) vers l’Afrique finissent dans des décharges à ciel ouvert et des filières informelles de déchets, selon un rapport publié en février dernier par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE).
Intitulé « EU exports of used textiles in Europe’s circular economy », ce rapport précise que la quantité de textiles usagés exportés par l’UE vers d’autres régions du monde a triplé au cours des deux dernières décennies, passant de 550 000 tonnes en 2000 à près de 1,7 million de tonnes en 2019, en raison notamment des capacités de réutilisation et de recyclage limitées sur le Vieux continent.
En 2019, la quantité de textiles usagés exportée était en moyenne de 3,8 kg par Européen, soit 25% de la masse totale de déchets textiles (15 kg par personne). Cette quantité devrait augmenter dans les années à venir, surtout qu’une nouvelle réglementation impose aux pays membres de l’Union européenne de collecter séparément les déchets textiles à partir de 2025.
Dans l’inconscient collectif, les dons de vêtements déjà utilisés représentent un comportement « solidaire » puis qu’ils sont toujours réutilisables d’une façon ou d’une autre dans certaines régions du monde. Mais cela ne correspond pas toujours à la réalité, étant donné que les vêtements de seconde main font de plus en plus partie d’une chaîne de valeur commerciale à l’échelle mondiale.
Le rapport révèle que l’Afrique reste la première destination des déchets textiles exportés par l’UE à un prix moyen de 0,57 euro par kg, malgré la baisse continue de sa part au cours des deux dernières décennies.
Des capacités de recyclage « anecdotiques » en Afrique
En 2019, 46 % des textiles usagés ont été expédiés en Afrique contre plus de 60% en 2000. Cinq pays africains figuraient dans le Top 10 des principaux pays importateurs de vêtements de deuxième main de l’UE en 2019. Il s’agit de la Tunisie, du Ghana, du Cameroun, du Togo et du Nigeria.
La part de l’Asie dans les exportations de textiles usagés européens est, quant à elle, passée de 26% en 2000 à 41% en 2019.
Le sort de ces textiles exportés par l’UE est très incertain aussi bien en Afrique qu’en Asie. Environ 60% des produits de textile-habillement usagés importés par les pays africains sont réutilisés localement, étant donné que la demande en vêtements d’occasion et bon marché en provenance d’Europe reste forte.
40% des textiles importés finissent cependant dans des décharges à ciel ouvert et des filières informelles de déchets, au regard des capacités de recyclage « anecdotiques » sur le continent africain. Cela transforme l’Afrique en véritable dépotoir des textiles du Vieux continent et provoque une forte dissémination de fibres plastiques dans l’environnement, qui met en danger la santé des populations locales et les milieux aquatiques.
En Asie, la plupart des textiles usagés importés atterrissent dans des zones économiques dédiées où ils sont triés et traités. Ils sont principalement recyclés en chiffons industriels ou en rembourrage, ou réexportés pour être recyclés dans d’autres pays d’autres pays asiatiques ou pour être réutilisés en Afrique. Les textiles qui ne peuvent être recyclés ou réexportés finissent toutefois dans des décharges.
L’Agence européenne pour l’environnement souligne dans ce cadre que la pression environnementale des produits textiles s’exerce ainsi à la fin de la chaîne de valeur, lorsqu’ils sont jetés à des milliers de kilomètres de l’Europe, notant que le secteur du textile-habillement constitue la quatrième catégorie de consommation ayant l’impact le plus important sur l’environnement et le changement climatique après l’alimentation, le logement et le transport.
Maderpost / Ecofin