Après les affrontements, place à la médiation d’un certain Youssou Ndour dans le différend opposant l’institution de la gendarmerie à la municipalité de Ngor. Une brouille ponctuée par une intifada suivie de plusieurs arrestations. Suffisant pour que Youssou Ndour enfile son costume de médiateur. A la demande des populations. Il a multiplié les rencontres et ses efforts ont été récompensés par le retour au calme.
MEDIATION – Après une semaine de manifestations violentes quasiment non-stop, entre la maréchaussée et des jeunes de la commune de Ngor, les parties sont en phase de fumer le calumet de la paix.
C’est en tout cas le constat depuis deux jours, (samedi et dimanche dernier), sur le terrain où l’intifada et les grenades lacrymogènes ont laissé place à une série de médiation. Une trêve obtenue grâce aux diligences de bonnes volontés, alors que le pourrissement de cette brouille l’étendait aux communes voisines de Ouakam, Mamelles et Yoff.
«C’est le lieu de saluer la promptitude et la dextérité des bonnes volontés. Je veux citer, entre autres, le Premier ministre, Amadou Ba, Youssou Ndour, le Grand Serigne de Dakar, Pape Diagne, le ministre Mame Mbaye Niang», s’est réjoui Modou Ndiaye, patron du mouvement «Ngor Debout», qui s’est dit optimiste.
«La partie de Ngor a été reçue ce dimanche par le Premier ministre Amadou Ba, en présence de l’actuel maire de Ngor, du maire sortant, du Jaraaf, de l’imam, du représentant du mouvement «Ngor debout», Ousseynou Gueye, du chargé domanial.
Au terme de plus 3 tours d’horloge, il a pris l’engagement de s’entretenir, dès aujourd’hui (lundi), avec le président de la République. La veille, nous avons été reçus par une autre autorité de taille. Il s’agit Youssou Ndour. Au cours de cette rencontre, Youssou Ndour, sensible à la situation, a promis « d’enfiler sa casquette de médiateur de la paix, de jouer de tout son poids pour sensibiliser les plus hautes autorités, y compris celles de l’institutions de la gendarmerie, afin que le calme et la paix reviennent », a assuré le président du mouvement Ngor Debout, selon qui, le Grand Serigne de Dakar, Pape Diagne, s’est aussi joint aux bonnes volontés pour un retour au calme.
A la demande des populations, Youssou Ndour a entrepris des démarches pour un retour au calme. Mais aussi un règlement définitif du problème. Il entend jouer sa partition jusqu’au bout.
Le nœud d’une brouille bénigne qui a mué en émeute
Pour Modou Ndiaye, il est curieux de constater que la gendarmerie et la population de Ngor qui ont jusqu’ici, «vécu dans l’amitié, en arrivent à cette extrémité. Il est cependant important d’expliciter la genèse de cette brouille. Pour des raisons de sécurité, la commune a mis à la disposition de l’institution de la gendarmerie un site (ancien centre culturel qui avait été construit par la ville de Dakar). Il y a quelques mois, la gendarmerie a émis le souhait de quitter le site, devenu difficilement praticable. A l’ébruitement de cette nouvelle, les Ngorois, les jeunes en particulier, ont pris d’assaut les réseaux sociaux pour exiger le départ de la gendarmerie. Suivra une forte mobilisation pour que la gendarmerie reste.
Ainsi, le 2 mars dernier, des responsables et notables de Ngor, (le Maire, le Jaraaf, le Chef du village, le Président du Conseils des notables, le chargé domanial, le patron du mouvement «Ngor Debout»…), ont été reçus par le Général de division, Moussa Fall. Il a été sensible à notre plaidoyer et nous a assurés du retour de la gendarmerie à Ngor, avec une mise en place dans les meilleurs délais d’un poste.
Le Général Fall a demandé à la délégation de trouver un site adéquat pour y ériger la nouvelle brigade de gendarmerie. Pour donner suite à ses engagements, il a dépêché un haut responsable chargé de procéder à une reconnaissance des sites à proposer. Une fois sur les lieux, le même jour (2 mars 2023), dans l’après-midi, l’officier supérieur a porté son choix sur le site du parking objet de cette brouille.
Ce, avançait-il, «pour des considérations stratégiques et opérationnelles.» Le maire Magueye Ndiaye lui a rétorqué que la commune y envisageait des projets d’intérêts publics. L’officier dira, en dernier ressort, qu’il lui faut 300 m2, que le site abritant ce parking est un titre d’État et qu’il a fait son choix.
Suivra un dialogue de sourds, avant que les parties ne conviennent de l’érection sur le site d’une brigade temporaire érigée avec des conteneurs. Sur ce, le maire lui a proposé d’autres sites. Mais l’officier est resté sur son choix initial (le parking en question).
Cependant, poursuit-il, 4 jours après, le gouverneur a convoqué les parties (gendarmerie et autorités de Ngor, les services techniques concernés, dont l’Urbanisme, le Cadastre, les Impôts et domaines, le Descos, le préfet et le sous-préfet). Lors de la discussion, la gendarmerie a réitéré sa demande et on a compris que c’était le prétexte de la convocation.
La partie de Ngor a exprimé sa frustration sur les litiges fonciers. Le gouverneur, sensible, a demandé l’arrêt des échauffourées et proposé la création d’une commission dirigée par le sous-préfet des Almadies. On s’est quittés sur cela. Dimanche 16 mars, la gendarmerie a entamé des travaux d’envergure sur le site. Mardi matin, les jeunes se sont présentés sur le site, alors que les notables discutaient à la mosquée. Le capitaine de gendarmerie trouvé sur place, a exigé que les jeunes quittent le site avant toute discussion. Le maire a refusé cette condition. Tout est parti de là.
Maderpost / Abdoulaye Diedhiou / Igfm