Dernière ligne droite avant l’élection présidentielle en Gambie. Six candidats sont en lice pour le scrutin de ce samedi 4 décembre 2021, dont le président sortant Adama Barrow, qui avait succédé à Yahya Jammeh il y a cinq ans. Les électeurs s’apprêtent à voter avec un système très particulier : pas de bulletins en papier, mais des billes glissées dans des bidons aux couleurs des candidats. Un système très ancré, mais qui pourrait bientôt disparaître.
GAMBIE – « Vous entendez la sonnette ? Dès qu’un électeur glisse la bille dans l’urne, ça sonne, ça veut dire qu’il a voté. » Quelques jours avant le scrutin, Pa Makan Khan, le porte-parole de la Commission électorale gambienne, nous fait une démonstration du système de vote à bille. Pour l’occasion, il a sorti une vielle urne, une sorte de bidon en métal, qui ne sera pas utilisée pour le scrutin.
« Vous voyez quand l’électeur arrive, on lui donne donc une bille de cristal. Il va passer du côté des urnes, il y en a une pour chaque candidat, en général avec sa photo dessus. Il glisse alors sa bille dans le tronc. Dedans, il y a une sonnette et quand le bille passe, ça fait du bruit. »
Pour cette élection, il y a donc six candidats. Il y aura six urnes dans chaque bureau, aux couleurs des différents partis : violet, gris, bleu, jaune, marron, orange et blanc…Un matériel électoral qui a commencé à être déployé dans le pays.
Fiabilité du système
Pour Pa Makan Khan ce système de vote garantit une fiabilité : « Ce bruit, cette sonnette, c’est le signal que l’électeur a voté et surtout n’a voté qu’une seule fois comme c’est la loi en Gambie. Les gens présents dans le bureau de vote, les officiels en charge du centre électoral vont donc pouvoir confirmer cela. »
Un avis que partage Abdoulaye Saine, politologue : « C’est un bon système que nous avons depuis longtemps qui va nous garantir une élection juste et libre. Ce système de bille est vraiment unique.»
Effectivement, il semble que la Gambie soit le seul pays à l’utiliser. C’est en tous les cas ce qu’assure Pa Makan Khan de la Commission électorale qui met en avant le coût réduit. « Vous imaginez des urnes comme celle que je vous montre, on peut les garder de nombreuses années. » Les billes aussi contrairement aux bulletins papier peuvent servir d’élection en élection.
Les observateurs évoquent aussi la rapidité d’un tel processus. « Quand le vote est terminé, on renverse les urnes et on a juste à compter les billes. Ça va vraiment très vite », explique le général Francis Béhanzin, l’un des responsables de la mission d’observation de la Cédéao, l’instance régionale, pour cette élection.
La dernière élection
Un système plutôt fiable, peu coûteux, mais qui pourrait disparaitre à l’avenir. La Commission envisage de remplacer les billes par un système plus classique, nous explique en effet Pa Makan Khan. « L’espace démocratique s’est ouvert en Gambie, donc il y a de plus en plus de candidats aux élections, notamment pour les législatives, prévues l’année prochaine, ou les élections locales de 2023. Avec un bidon pour chaque candidat, cela devient difficile d’un point de vue logistique. La Commission pense qu’il est plus sage de passer aux bulletins papier pour les prochains scrutins. »
Aucune date n’est annoncée pour la mise en œuvre de cette réforme, déjà envisagée dès 2017. Mais l’élection présidentielle de ce samedi pourrait être la dernière avec le système de vote à billes.
Maderpost / Rfi