Dans une tribune collective, les ministres des Finances et de l’Economie de seize pays africains affirment leur soutien à Kristalina Georgieva, la patronne de l’institution de Bretton Woods.
FMI – En tant que ministres africains des Finances et de l’Économie*, le multilatéralisme est pour nous plus qu’une question abstraite de politique étrangère. Il vise à assurer la prospérité de millions de nos citoyens.
Nos pays ont été et restent confrontés à des pressions économiques, sociales et politiques considérables, dont beaucoup sont des chocs externes. C’est pourquoi, tout en adoptant des mesures d’atténuation à l’échelle nationale, nous comptons sur les institutions multilatérales pour proposer une aide économique aux moyens de subsistance et à la vie collective.
La pandémie a été un test pour le système multilatéral
Aujourd’hui, le multilatéralisme est remis en question à un moment où on en a le plus besoin. Si les économies avancées ont pu mettre rapidement en place des tampons monétaires et fiscaux pour répondre à la crise de la COVID-19, en mobilisant plus de 26 % de leur PIB pour lutter contre une récession imminente, les pays africains quant à eux ont mobilisé moins de 1 % de leur PIB pour répondre à cette crise. La pandémie a été un test pour le système multilatéral, sa capacité à réagir rapidement et sa capacité à appréhender les différents défis auxquels les pays font face. Jamais dans l’histoire moderne, le monde n’a été confronté à un tel choc collectif pour ses économies et sa santé.
Le Fonds monétaire international a été un partenaire stable pendant la crise. C’est ainsi qu’il a décaissé des ressources sans précédent, y compris à travers l’annulation de la dette des pays les plus pauvres par le biais de la facilité de crédit rapide. En 2020, le FMI a rapidement activé tous les mécanismes d’appui et a décaissé plus de 30 milliards de dollars US en faveur des économies africaines.
À UN MOMENT OÙ LE MULTILATÉRALISME CÉDAIT LA PLACE AU NATIONALISME ÉCONOMIQUE, LE FMI A PU SOUTENIR DES SOLUTIONS MONDIALES POUR LE BIEN COMMUN
Le leadership a été un élément déterminant dans la réponse à la crise. La Directrice générale, Kristalina Georgieva, a fait preuve d’un leadership constant pendant cette période de crise. À un moment où le multilatéralisme cédait la place au vaccin et au nationalisme économique, le FMI, sous sa direction, a pu soutenir des solutions mondiales pour le bien commun.
Bon nombre d’entre nous connaissons, interagissons et coopérons avec Kristalina Georgieva depuis de nombreuses années. Lors de nos fréquentes rencontres, nous avons pu constater qu’elle est une vraie partenaire. Dans nos échanges, elle a administré la preuve de son intégrité, de son dynamisme et de sa capacité à fournir des conseils qui permettent d’avancer. À l’occasion de son deuxième anniversaire à la tête du FMI, nous pouvons affirmer avec assurance qu’elle a apporté une touche humaine au développement et à l’institution qu’elle dirige.
Partenaire d’une valeur inestimable
Kristalina Georgieva a joué un rôle décisif dans l’allocation générale sans précédent de droits de tirage spéciaux (DTS) équivalant à 650 milliards de dollars américains, en fournissant des liquidités et des réserves tampons à de nombreux pays qui se trouvaient dans le besoin. Elle s’est battue pour faire progresser le multilatéralisme et nous avons toujours su qu’elle était une ardente défenseure des nations en développement. Elle a été un partenaire d’une valeur inestimable qui a contribué à nos succès collectifs.
Aujourd’hui, dans notre plaidoyer visant la rétrocession des DTS à hauteur de 20 à 35 % en vue de financer un mécanisme pour l’accès aux vaccins, un Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, un Fonds fiduciaire pour la résilience et la soutenabilité, une Facilité de liquidité et de soutenabilité destinée à soutenir les pays à revenu intermédiaire pour faciliter leur accès au marché et un mécanisme de rétrocession aux banques régionales de développement pour mieux prendre en main la reprise, le FMI est et reste un partenaire stable. Kristalina Georgieva œuvre de concert avec nous pour explorer les moyens de proroger la maturité de la dette et de faire face à la crise climatique.
L’analyse comparative des mesures politiques mises en place par les pays a, sans aucun doute, été un instrument de progrès au sein de la communauté du développement. Si certains d’entre nous ne sont pas d’accord avec leur classement individuel dans l’indice Doing Business, nous nous accordons sur le fait que cet outil a permis à beaucoup parmi nous d’avancer dans nos programmes de réforme et nous a aidés à améliorer l’environnement des affaires, en particulier pour le secteur privé aux niveaux national et régional. En effet, l’amélioration de l’environnement des affaires et les réformes politiques connexes nous ont aidés, nous et notre secteur privé, à mieux faire face à la crise.
Bien évidemment, l’indice, comme bon nombre d’indices, n’est pas exempt de défauts et nous apprécions que, chaque année, la Banque et les pays se soient efforcés d’en affiner la méthodologie. Les allégations entourant l’édition 2018 du rapport Doing Business de la Banque mondiale sont graves et doivent faire l’objet d’une enquête. Toutefois, nous pensons également que cette enquête doit être menée de manière à ne pas porter atteinte à l’intégrité du FMI et, surtout, à permettre une procédure juste et équitable.
Les nations africaines – et en fait tous les pays – veulent des institutions multilatérales inclusives et focalisées pour relever efficacement et rapidement les défis actuels.
* Cette tribune est cosignée par les ministres des Finances et de l’Économie du Bénin, du Botswana, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, de Djibouti, de l’Égypte, de l’Éthiopie, du Ghana, de la Guinée-Bissau, de la Mauritanie, du Nigeria, du Sénégal, de la Somalie, du Soudan et du Togo.
Maderpost / Lejecos