Ce mardi 6 juillet ouvre le plus grand festival de cinéma au monde. Avec 135 longs métrages présentés, 24 films en lice pour la Palme d’or et une brochette de stars annoncées, le 74e Festival de Cannes ambitionne même de surpasser sa tradition de superlatifs. Mais, après une édition 2020 annulée pour cause de pandémie, la réalité s’annonce pour l’instant plus nuancée, à l’image de la forte baisse des accréditations.
CINEMA – Léos Carax, Marion Cotillard, Adam Driver monteront ce soir les marches pour Annette, le très attendu film musical d’ouverture du Festival. Ensuite, de nombreuses autres stars défileront sur le fameux tapis rouge : Léa Seydoux, Tilda Swinton, Steve McQueen, Sean Penn ou Jodie Foster qui recevra une Palme d’or d’honneur, quarante-cinq ans après Taxi Driver… Quelques jours après la fin des dernières restrictions de confinement en France, ce tourbillon de célébrités impressionne et fait presque croire à un retour à la normale.
« Nous sommes les combattants du futur », a déclaré Thierry Frémaux lors de la conférence de presse. En même temps, le délégué général du Festival a admis que Cannes doit « se transformer pour rester le plus grand festival au monde ».
Un Festival de superlatifs
Pour retrouver sa place de leader mondial, le Festival semble vouloir jouer sur tous les registres à la fois. L’augmentation de films présentés en compétition et la création d’une nouvelle section « Cannes Première » laissent deviner la rage et la détermination des responsables de ne céder aucun centimètre du rang historique de Cannes.
Les stars envoyées sur le tapis rouge semblent avoir comme mission de redonner pendant quinze jours au Festival sa primauté comme l’événement culturel le plus médiatisé sur la planète. Et cela, malgré une baisse du nombre d’accrédités (28 000 au lieu de 40 000 habituellement) et malgré la multitude d’événements majeurs se déroulant aux mêmes dates, comme les Festival d’Avignon et d’Aix-en-Provence, les Rencontres d’Arles ou même le Championnat d’Europe de football.
Diversité, parité et écologie
La question de la diversité n’est pas non plus négligée. Cannes peut s’enorgueillir d’être le premier grand festival au monde d’avoir choisi avec Spike Lee un Noir comme président du jury. Quant au débat sur la parité hommes/femmes, avec quatre femmes sur 24 réalisateurs en lice pour la Palme d’or, le compte n’y est pas, même si le jury composé à majorité par des femmes permet de ne pas perdre la face.
Et même l’écologie se trouve sur la charte officielle de cette 74e édition. Pour la première fois de son histoire, Cannes, l’emblème de la jet set cinématographique, revêt officiellement l’habit de défenseur de l’environnement, avec une série de mesures pour réduire les émissions carbones et les déchets produits, et surtout avec la première « section éphémère de films sur l’environnement », car « la prise de conscience et la défense de la planète se jouent aussi au cinéma ».
Netflix, omniprésent et absent à la fois
En attendant, malgré le feu d’artifice de nouvelles initiatives et engagements solennels, les journalistes présents à Cannes retournent toujours au sujet le plus sensible : l’omniprésence de Netflix dans les foyers et l’absence de Netflix au Festival de Cannes. Le rendez-vous cannois, est-il devenu le dernier bastion du cinéma pur et dur, exclusivement destiné à faire sortir les films d’abord en salles ?
Réponse de Thierry Frémaux : « Le Festival de Cannes n’est pas le dernier bastion. Je dirais que certains festivals sont les premiers à ouvrir leurs portes un peu trop librement à des gens dont on n’est pas sûr qu’ils souhaitent que le cinéma survive. »
Le bon élève Amazon
Pendant la pandémie, alors que les salles de cinéma étaient fermées, « le triomphe des plateformes s’est fait alors que le cinéma ne pouvait pas se défendre. (…) Vous pensez toujours Netflix. Pourquoi ? Pourquoi vous ne dites pas Amazon ? Amazon a coproduit le film de Leos Carax. Amazon est ce mardi soir à Cannes. Le travail avec les plateformes se fait naturellement, comme avec les télévisions. La seule chose est que nous avons une règle : les films de la compétition doivent sortir dans les salles françaises. Cette règle-là, Netflix ne veut pas l’observer et ils ne veulent pas venir hors compétition. Je les invite. Et j’espère les convaincre un jour. »
Le Festival de Cannes persiste et signe
Donc, après une édition annulée en 2020, l’année la plus catastrophique pour le cinéma mondial, le Festival de Cannes persiste et signe. Reporté en juillet, le mois des vacanciers et des tournages, il veut continuer à jouer son rôle traditionnel pour « retrouver les conditions dans lesquelles nous nous sommes séparés en 2019 ». Autrement dit : malgré les masques obligatoires dans les salles et un protocole sanitaire strict, faire vivre et mettre en valeur le cinéma, célébrer ses réalisateurs et acteurs, et découvrir de nouveaux talents pour assurer le futur du septième art. La Palme d’or 2021 sera décernée le samedi 17 juillet. Et peut-être elle sera remportée pour la deuxième fois par un cinéaste d’Afrique. Car deux réalisateurs du continent africain se trouvent en compétition : le réalisateur marocain Nabil Ayouch avec Casablanca Beats (Haut et fort) et le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun avec Lingui – les liens sacrés.
Maderpost / Rfi