EDUCATION/ SANTE -On est vendredi matin à l’école primaire No 7 de la commune de Molenbeek, à Bruxelles. Comme la semaine dernière, tout le personnel est invité à rendre ses échantillons à son arrivée. Dans quelques minutes, un chauffeur viendra chercher le matériel, qui sera centralisé, puis analysé Dans moins de 24 heures, on saura si des employés sont atteints de la COVID-19.
« Si on peut savoir dès demain qui ne peut pas venir travailler la semaine prochaine, ça nous permet de nous organiser et d’encadrer mieux nos élèves », lance Samira Badi, directrice de l’établissement, sur le ton du gros bon sens.
Sauf erreur, Molenbeek est la première commune (arrondissement) de Belgique francophone à proposer à ses écoles du primaire et du secondaire un test salivaire hebdomadaire pour le personnel.
Exercice volontaire
La bourgmestre Catherine Moureaux (mairesse d’arrondissement) a lancé l’opération il y a deux semaines, après qu’une autre école a dû fermer temporairement ses portes pour cause d’éclosion.
Le « variant anglais », qui se répand progressivement en Belgique, n’y est pas non plus étranger. Comme partout en Europe, on se démène ici comme on peut pour ne pas être débordé par le virus mutant.
Il faut dire que Molenbeek – 98 000 habitants, dont 10 000 enfants – a aussi connu sa part de « foyers » l’automne dernier, à commencer par l’école No 7, qui a eu 18 enseignants infectés pendant le seul mois d’octobre. On veut donc à tout prix éviter une nouvelle flambée des cas, quitte à payer les tests de sa poche, à raison de 12 euros (18 $ CAN) par trousse de dépistage.
La collecte de la semaine dernière aura ainsi coûté 12 000 euros à la commune (18 000 $ CAN) qui est, ironiquement, l’une des plus pauvres de Belgique…
À Molenbeek, le « testing de masse » concerne 21 écoles et pas moins de 1200 employés. Cependant, tous n’ont pas nécessairement envie de se prêter à cet exercice volontaire, pourtant gratuit et proposé sur place.
La semaine dernière, 75 % des personnes auraient joué le jeu, un peu moins ce vendredi, si l’on se fie à la secrétaire de l’école No 7.
Personnellement, je suis d’accord, mais il y en a pour qui c’est plus compliqué. Ça les agace.
Parmi d’autres raisons évoquées, la directrice, Mme Badi, explique qu’un certain nombre d’enseignants ne travaillent pas le vendredi, jour de la collecte, alors que d’autres disent avoir déjà fait un test PCR en dehors de l’école.
Dans tous les cas, hors de question de les obliger. « Ça reste un acte médical. Libre à chacun. »
Une fois récupérés, les tests de chaque école sont centralisés dans les bureaux de la commune, d’où ils seront envoyés dans les labos de l’Université de Liège, qui se chargera d’extraire les résultats. Fiables à 70 %, les tests salivaires permettraient de détecter les nouveaux variants du coronavirus.
« J’attends de voir venir »
Molenbeek fait figure de précurseur pour le « testing » hebdomadaire du personnel scolaire. D’autant qu’en Belgique, l’enseignement relève en principe des communautés linguistiques (francophone, néerlandophone et germanophone), et non des communes.
Mais la situation est si inquiétante que le gouvernement fédéral pourrait bientôt prendre le relais.
La semaine dernière, le ministre belge de la Santé, Frank Vandenbroucke, a évoqué la possibilité de mettre en place un système similaire dans toutes les écoles du pays, afin de repérer plus rapidement les foyers de COVID-19 dans les établissements scolaires.
Cette proposition est lancée alors que la Belgique vient de recenser plus de 170 foyers de contamination dans les écoles, obligeant à des dépistages massifs et des fermetures temporaires d’établissements.
Si l’option est retenue, ce sont les trois communautés linguistiques qui devront organiser l’opération. Selon le ministre de la Santé, ces entités fédérées se sont déjà montrées « très intéressées » par ces tests réguliers. Le gouvernement fédéral apporterait une aide financière.
Ce n’est pas encore décidé […], ça requiert une logistique importante qui n’est pas facile à mettre en place. Frank Vandenbroucke, ministre de la Santé de la Belgique, à propos des tests pour les enseignants De belles promesses… qui viennent toutefois un peu tard, estime ce directeur d’école secondaire, qui préfère garder l’anonymat.
« Le matériel pour faire les tests salivaires était disponible depuis longtemps, je ne sais pas pourquoi il faut attendre, lance-t-il, à la fois perplexe et dépité. Personnellement, je m’étonne qu’il n’y ait pas eu des tests plus tôt dans les écoles. »
Le problème, selon lui, est que la « stratégie du gouvernement n’est pas très claire ». Alors il hésite avant de se réjouir.
« J’attends de voir venir. J’ai des doutes. »
Même son de cloche chez cette mère de deux enfants dont les classes ne cessent d’ouvrir et de refermer. Tester dans les écoles ? Je n’étais pas au courant. Mais pourquoi seulement le personnel ? Il faut tester tout le monde ! Sinon, à quoi bon ? Si un prof est négatif et que des élèves sont positifs, ça ne change rien !
Une mère belge
En Belgique, les élèves du primaire et des deux premières années du secondaire sont en classe à 100 %. À compter de la 3e secondaire, on fonctionne par alternance, avec 50 % des cours en « présentiel » et le reste à la maison.
Si deux élèves d’une même classe sont déclarés positifs à la COVID-19 en moins de 14 jours, la classe est fermée pendant deux semaines et tout le monde doit être testé. Plusieurs écoles ont aussi dû fermer leurs portes temporairement, après que des « foyers » eurent été découverts chez le personnel enseignant.
Maderpost/ AFP