Écrivaine – poétesse, Marieme Sall a su s’imposer sur la scène littéraire sénégalaise mais aussi à l’international avec son œuvre novatrice. Auteure qui manie avec brio la plume d’une écrivaine engagée, elle se veut le fer de lance et le héraut des avancées sociales dans son pays et entend s’imposer aussi sur la scène internationale par l’amplification de ses problématiques aux résonances universelles. Son écriture sans détours et sans ambages lui a permis de franchir les confins littéraires. Elle réussit malgré son jeune âge, 24 ans, une percée dans l’univers de la littérature. Titulaire d’un master 2 en Relations Internationales et d’une licence 3 en Journalisme et en Communication, Marieme Sall à cœur ouvert pour les internautes de Diaspora221. Qui est Marieme Sall ? Une Sénégalaise, jeune auteure d’un ouvrage intitulé “Politique Foncière au Sénégal : une cascade d’incohérence’’, CEO Exclusiva Group une agence de communication digitale et de production. Je suis aussi consultante internationale et spécialiste des relations internationales. On vous connaissait journaliste – présentatrice télé, comment expliquez-vous cette transition de présentatrice à écrivaine et pourquoi ce changement ? Je trouve que c’est une continuité et non un changement. Il y 4 ans, quand j’ai commencé à faire de la télé et j’ai toujours été attirée par la communication, évidemment comme toute personne ambitieuse qui aspire à faire autre chose à un moment donné. Pour moi ce que je fais est comme un escalier. Petit à petit j’avance, mais en y allant sûrement. Se dire qu’on s’est fixé un objectif et qu’il faut y aller avec beaucoup de tact et de sérénité. Ceci dit que vous avez quitté la télé définitivement ? Je n’ai pas quitté définitivement la télé. Mais c’est mieux quand on travaille pour soi. Avec mon agence de communication, je fais des productions externes, des prestations de voix, de la réalisation de film documentaire, de film de capitalisation de projet avec les ONG, de la rédaction de discours, conseil, publicité sponsorisée, marketing digital… D’où vous est venue l’idée et l’envie d’écrire ? Naturellement comme toutes les idées. L’écriture pour moi et pour tant d’autres est une passion d’abord. Donc je me dévoue à ma passion pour partager avec d’autres ce que j’écris. Je crois que c’est ça qui me motive dans mon travail d’écriture, cette envie de partager avec les lecteurs. Envie d’être soi, envie d’aimer les autres. Rien dans ma démarche n’a été prémédité. J’ai simplement pris plaisir à noircir des pages. Quand avez-vous décidé de devenir écrivaine ? J’y songeais déjà quand j’étais petite fille. Mais j’ai pris véritablement cette décision au collège en intégrant le journal du collège qui s’appelait “La Plume” pour y publier des poèmes et des portraits de personnage. J’ai alors réalisé que ce que je voulais vraiment, c’était écrire. Petit à petit, j’ai commencé à rédiger des poèmes et chroniques inspirées de la vie de tous les jours, avant de m’attaquer au roman. Ce fut, au final, un long apprentissage. Que vous apporte l’écriture ? Ma réalité. Je suis une personne trop réservée et l’écriture m’a offert une liberté insoupçonnable. Chaque soir je me sens happée par mon récit, et la nuit, je rejoins un monde imaginaire où je me sens heureuse en compagnie de personnages devenus des amis. Pouvez-vous à présent nous en dire plus sur vos sources d’inspiration, de quoi se nourrit votre œuvre ? Alors mes sources d’inspiration, je les tire dans la vie quotidienne. J’écris tout ce que je vois, tout ce que je ressens, ça me permet aussi de canaliser mes émotions et d’avoir un certain moyen pour m’évader de ce monde. Quitter le réel, mais aussi puiser sur mon expérience personnelle pour créer d’autres destinées, car l’écriture implique une vie ascétique. Il n’a pas de magie, pas de secret, pas de recette : il faut juste se couper du monde. Parfois, dans les bons jours, un cercle vertueux se met en place qui peut me faire écrire d’un jet une bonne dizaine de pages. Dans ces périodes bénies, j’arrive à me persuader que les histoires préexistent quelque part dans le ciel et que la voix d’un ange vient me dicter ce que je dois écrire. Quels étaient vos auteurs et romans préférés, quand vous étiez jeune ? A 14 ans, je suis tombée sous le charme du livre de Winnie Mandela intitulé “Ma part de vérité”. De Charles Dickens, de Charlotte Bronte et Victor Hugo, ils restent d’ailleurs mes écrivains favoris. Enfant, j’ai dévoré de nombreuses vies de saints. La littérature dite pour enfants m’ennuyait, même si j’ai gardé un bon souvenir de Régine Deforges avec son livre de poche “La bicyclette bleue”. A la bibliothèque du lycée, j’ai également découvert les œuvres du moine trappiste Thomas Merton, Léon-Gontran Damas même si je n’ai pas compris grand-chose (rire). Il y a aussi “Chants d’Ombre Hosties noires” de Léopold Sédar Senghor que j’ai beaucoup aimé et trouvé trop triste d’ailleurs. A vous entendre parler, vous semblez être une amoureuse de la poésie alors pourquoi le choix du foncier comme premier broché ? N’est-il pas un domaine sensible et complexe ? L’écriture n’a pas de limite, ni frontière d’ailleurs. L’écriture est un combat et j’écris pour dénoncer les maux de la société. Je fais aussi partie des auteurs misérabilistes, c’est dire que mon œuvre dénonce la misère des populations, à ces femmes qui n’ont pas accès à la terre et au foncier sous toutes ses formes. J’ai assisté à pas mal de scène et il faut le dire, le foncier est devenu un enjeu primordial et la question de la gestion de la réforme foncière est aujourd’hui un impératif, eu égard aux nombreux enjeux qui ont un impact sur la vie des populations. De ce fait, le foncier sénégalais souffre du dualisme entre droit moderne et droit traditionnel. Voilà pourquoi le choix du foncier. Et naturellement, lorsqu’on écrit un livre, on vise à atteindre un but avec son ouvrage. Mieux, je dirais mon arrière-plan littéraire c’est de contribuer grâce à mes œuvres à améliorer les conditions de vie des populations. On peut s’attendre à un recueil de poème dans le futur ? Oui ! C’est ma prochaine publication et elle est déjà prête. Votre livre a été publié à l’international, a-t-il été difficile de trouver un éditeur ? Non ! Pas du tout. Je n’ai pas cherché, c’est plutôt la maison d’édition qui m’a contacté pour un contrat. On a longuement discuté et finalement on est tombé en accord. J’ai accepté de signé le contrat et je me suis mise à travailler avec mon éditrice, Angela, en intégrant ses remarques et corrections surtout au niveau de la mise en page professionnelle, des affiches et bannières promotionnelles sur les réseaux sociaux, et l’impression à la demande. A sa parution, les critiques ont-ils apprécié le livre ? Le prix ! (Rire). Au Sénégal jusque-là les gens trouvent le prix du livre exorbitant même pour la version électronique. Des commentaires j’en ai reçu plus d’un. C’est ma maison d’édition qui fixe les prix en fonction des contenus. 54. 90€ soit 35.985 F CFA c’est quand même beaucoup. Après quelques tentatives j’avoue que le découragement n’était pas loin. Mais, je n’y pouvais rien. Certains le trouvent brillant, d’autres ne peuvent pas concevoir le prix. Et comment expliquez-vous le succès de cet ouvrage à l’international ? Une chance inouïe, et je m’efforce de la mériter (rire). Le fait de le savoir ne m’empêche pas pour autant de profiter de cet immense bonheur car s’en est un et cela me pousse à travailler plus encore pour mériter un peu de cette chance qui m’est offerte. Ce livre a surpris les gens à sa publication et, étrangement, c’est toujours le cas aujourd’hui. Les lecteurs s’attendent à être passionnés surtout par l’histoire et la puissance de la réalité du monde rural mais, très souvent, ils sont surtout marqués par l’atmosphère du livre. Il m’est aussi arrivé, à plusieurs reprises, que l’on me demande si ces boulimies foncières soulignées existaient réellement. L’atmosphère du livre montre que vous avez beaucoup voyagé n’est-ce pas ? Oui ! J’ai beaucoup voyagé. Mon travail ne me permet de rester sur place. Voyager, c’est découvrir, apprendre, ça m’a permis d’être plus ouverte car j’étais plutôt introvertie. Mais l’inconvénient est que ça t’empêche de donner plus de temps à la famille. Peut-on savoir vos occupations lorsque vous n’écrivez pas ? J’aime cuisiner, dessiner et lire. Vous cuisinez ? Oui ! Je respecte énormément les valeurs africaines comme quoi une femme doit savoir cuisiner. C’est très important. Je ne fais pas partie de ces femmes qui clament leur liberté à ce point, même si j’ai d’autres conceptions féministes, celle-là n’en fait partie. Comment voyez-vous l’attitude de certaines femmes de votre génération qui dépendent des hommes ? Je crois beaucoup en la femme, notamment en ses capacités professionnelles, novatrices, autant que les hommes. D’ailleurs, on voit de plus en plus de femmes sénégalaises se lancer en tant que femmes d’affaires et gérer leurs propres sociétés, ou aussi en politique, il n’y a rien que je n’admire plus. Ne jamais dépendre d’un homme, c’est mon objectif premier. On peut dire que vous êtes une femme indépendante ? Oui ! Je suis une femme indépendante et j’ai ma force de caractère. Êtes-vous mariez ? Non ! Pas encore. Que diriez-vous aux jeunes filles qui rêve de devenir des écrivaines ? A toutes ces jeunes filles qui me lisent, s’il vous plait, ne laissez personne vous décourager, n’en écoutez aucune, allez-y encore et encore, acceptez de vous tromper, rectifiez le tri, apprenez. Vous avez ce super pouvoir d’abnégation qui est juste là, et ça personne ne doit vous l’enlever. Écrire, c’est un territoire de liberté. Le seul gardien de la liberté d’écriture, c’est vous-même. L’écriture c’est un long tunnel de solitude. Avec un papier et un crayon, on peut tout écrire. C’est la seule conscience à garder quand on écrit. Maderpost / Diaspora221]]>
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