Le seuil symbolique des 200 000 morts du nouveau coronavirus a été franchi samedi, dont près de 90 % sont survenus en Europe et aux États-Unis, au moment où l’OMS émettait des réserves sur la délivrance de “passeports immunitaires ”, une idée lancée dans certains pays pour accompagner le déconfinement.
CORONAVIRUS – Avec plus de 53 000 décès, les États-Unis sont le pays ayant enregistré le plus de morts suivis par l’Italie (26 384), l’Espagne (22 902), la France (22 614) et le Royaume-Uni (20 319).
Les États-Unis ont enregistré samedi soir un bilan journalier de 2494 décès supplémentaires, un décompte qui repart à la hausse au lendemain du chiffre le plus bas en près de trois semaines (1258).
La moitié de l’humanité reste confinée et en Espagne, les enfants trépignent, pressés de sortir de leur maison pour la première fois depuis six semaines. Le pays, soumis depuis le 14 mars à un confinement extrêmement strict prolongé jusqu’au 9 mai inclus, interdisait jusqu’à présent aux moins de 14 ans de sortir, même accompagnés de leurs parents.
À partir de dimanche, les petits pourront “sortir pour se promener ou jouer dans la rue une fois par jour durant une heure et dans un rayon d’un kilomètre de leur domicile”. Le 2 mai, les adultes auront le droit eux de sortir faire du sport ou de se promener.
En Italie, un enfant de neuf ans, Lupo, a mis à profit son confinement : pour tuer l’ennui, ce jeune Milanais a programmé un jeu vidéo dont le but est de détruire virtuellement la COVID-19 à coups de tirs lasers à bord d’un vaisseau spatial.
Ailleurs, l’envie d’une coupe de cheveux impeccable en a poussé certains à prendre des risques : la police allemande a découvert samedi deux salons de coiffure, dotés d’un équipement professionnel, installés dans des caves de deux maisons en Bavière.
L’OMS a douché samedi les espoirs de ceux qui misaient sur une éventuelle immunité des personnes ayant été confrontées au coronavirus, au moment où certains pays mettent en place des programmes de tests sérologiques en vue du déconfinement.
Deuxième vague
“Il n’y a actuellement aucune preuve que les personnes qui se sont remises de la COVID-19 et qui ont des anticorps soient prémunies contre une seconde infection”, a prévenu l’Organisation mondiale de la santé, incitant à ne pas relâcher les efforts, car la menace d’une deuxième vague mortelle plane toujours.
Le monde musulman a entamé le mois de jeûne du ramadan sans prières collectives ni repas partagés : les portes des mosquées restent closes et les rassemblements familiaux sont interdits.
Mais au Pakistan, les fidèles se sont rués dans les mosquées et les marchés pour acheter de quoi préparer le dîner afin de célébrer comme il convient la fin de chaque journée de jeûne, faisant fi des recommandations sanitaires.
En Iran, où la maladie a tué 5650 personnes selon les chiffres officiels, le mois du jeûne a commencé en pleine crainte d’une recrudescence de l’épidémie, deux semaines après le début de la réouverture partielle des commerces.
Le coordinateur de la lutte contre la maladie à Téhéran, Aliréza Zali, a critiqué “des réouvertures faites à la hâte”, tandis que Mohammad Mehdi Gouya, le directeur du département des maladies infectieuses au ministère de la Santé, évoque « des signes d’une nouvelle recrudescence » des cas dans certaines provinces.
Masque obligatoire
L’allègement des mesures de quarantaine décidé dans certains États va souvent de pair avec de nouvelles règles de circulation et de vie.
Ainsi en Afrique du Sud, pays africain le plus touché avec 75 décès, le port du masque sera obligatoire à compter du 1er mai, date à laquelle les mesures de restriction seront légèrement assouplies.
Mais un autre fléau plane sur le continent africain : en raison de problèmes de distribution de moustiquaires et de médicaments à cause du coronavirus, près de 400 000 personnes supplémentaires pourraient mourir du paludisme cette année, selon cette organisation.
Le bilan des morts du paludisme en Afrique subsaharienne pourrait approcher les 770 000 cette année, soit “deux fois plus qu’en 2018”, a relevé l’OMS, alors qu’a lieu samedi la Journée internationale de lutte contre cette maladie qui, contrairement à la COVID-19, frappe particulièrement les enfants.
Chants aux fenêtres
En Europe, l’Italie commencera le 4 mai une campagne de tests sérologiques sur 150 000 personnes à l’échelle nationale pour tenter d’en savoir plus sur la pandémie.
La course est engagée entre laboratoires pour trouver le remède au coronavirus avec une demi-douzaine d’essais cliniques, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne.
Lancée par l’OMS, une initiative regroupant plusieurs pays d’Europe vise à accélérer la production de ces traitements, tests et vaccins. Mais ni la Chine, d’où est partie la pandémie fin 2019, ni les États-Unis ne s’y sont associés.
Aux États-Unis, le pays qui déplore le plus lourd bilan, le président Donald Trump a promulgué un nouveau plan d’aide de près de 500 milliards de dollars, pour soulager entreprises et hôpitaux. Il y a urgence : le produit intérieur brut américain devrait plonger de 12 % ce trimestre.
Au Brésil, où le président d’extrême droite Jair Bolsonaro est accusé de passivité face à la pandémie, les habitants des favelas ont décidé d’agir de leur propre chef.
“La favela doit se battre, car si elle attend le gouvernement, elle n’y arrivera jamais”, explique Thiago Firmino, un guide touristique de 39 ans qui s’est porté volontaire pour désinfecter les ruelles de son quartier, la favela Santa Marta à Rio de Janeiro.
Confinement et règles de distanciation sociale oblige, de nombreux Portugais ont chanté à leurs fenêtres pour célébrer le 46e anniversaire de la Révolution des Œillets, tandis que des Italiens y ont entonné Bella Ciao pour célébrer le jour de la Libération de l’Italie en 1945.
Maderpost / AFP