L’Espagne est devenue mercredi le deuxième pays le plus touché en nombre de morts par la pandémie de COVID-19, dont l’expansion place désormais plus du tiers de l’humanité, dont 1,3 milliard d’Indiens, sous des mesures de confinement aux lourdes conséquences économiques et sociales.
CORONAVIRUS – Au total, ce sont près de trois milliards de personnes qui sont sommées de rester chez elles.
L’Espagne dénombrait mercredi 3434 décès dus au nouveau coronavirus, derrière l’Italie et devant la Chine. Confrontée à un manque d’équipements de première urgence – masques, gants, respirateurs, tests… — – elle va acheter pour 432 millions de dollars de matériel sanitaire à la Chine.
Là, comme dans les autres pays européens les plus touchés, des hôpitaux sont au bord de l’effondrement, les personnels de santé exténués et exposés à la contagion par manque de masques et de matériel adapté.
“Beaucoup de collègues pleurent parce que des gens meurent seuls sans avoir revu leur famille et nous avons à peine le temps de leur tenir compagnie”, confie Guillen del Barrio, infirmier dans un hôpital de Madrid saturé de malades.
L’Italie — plus de 6800 décès — conserve la tête du sinistre bilan mondial, la Chine où la maladie a fortement ralenti sa progression déplorant 3281 morts. Au total plus de 19 000 personnes ont perdu la vie dans le monde à cause de ce virus et plus de 420 000 ont été contaminées.
Rejoignant la liste des dirigeants et célébrités atteints, le prince Charles, héritier de la couronne britannique, a été testé positif, mais “reste en bonne santé” selon un communiqué officiel.
Le président russe Vladimir Poutine a de son côté décrété la semaine prochaine chômée et reporté un vote populaire prévu en avril sur une réforme constitutionnelle pour tenter de ralentir l’épidémie.
Les places boursières en Asie et en Europe ont néanmoins repris quelques couleurs après l’annonce d’un accord entre la Maison-Blanche et le Sénat américain destiné à mobiliser 2000 milliards de dollars en soutien à l’économie.
En Europe, les dirigeants de neuf pays, dont le Français Emmanuel Macron et l’Italien Giuseppe Conte, ont appelé à la création de corona bonds, un “instrument de dette commun émis par une institution européenne”, afin de disposer de fonds importants face à la crise sanitaire.
L’Inde, le deuxième pays le plus peuplé du monde derrière la Chine avec 1,3 milliard d’habitants, est entrée à minuit dans le confinement. “Souvenez-vous que même un seul pas hors de chez vous peut ramener la grave maladie du coronavirus dans votre foyer”, a averti le premier ministre, Narendra Modi, dont le pays recense 519 cas de COVID-19, dont 10 morts.
“Difficile de s’approvisionner”
Dans les rues vides de New Delhi, le pépiement des oiseaux a remplacé l’habituelle cacophonie de klaxons et de cris. À Bombay, un marchand de légumes, Rafiq Ansari, s’inquiète en expliquant qu’il est “de plus en plus difficile de s’approvisionner”. “Nous allons être confrontés à des pénuries”.
La Colombie, troisième pays le plus peuplé d’Amérique latine avec 48 millions d’habitants, est à son tour entrée en confinement général obligatoire mercredi, afin de tenter d’endiguer une maladie contre laquelle aucun vaccin ni aucun traitement avéré n’existent à ce jour.
Mardi, après des semaines de tergiversations, les Jeux olympiques de Tokyo 2020 ont finalement été reportés à 2021. Et faute de matchs, pas de recettes : de nombreux clubs européens de football font face à des difficultés de trésorerie jugées “intenables” par le président du club écossais d’Aberdeen, Dave Cormack.
Dans le camp de migrants de Moria, sur l’île grecque de Lesbos, le plus important d’Europe, la pandémie fait craindre une “bombe sanitaire”.
“On nous a dit de ne pas sortir de nos tentes et de ne pas nous rassembler en groupes, mais c’est impossible à Moria”, explique un migrant somalien, Ibrahim Mohament Hussein.
Aux États-Unis, les ventes d’armes s’envolent, beaucoup craignant que la maladie ne provoque des émeutes. Mais au Kenya les exportations de roses vers l’Europe s’effondrent, menaçant de ruiner un secteur prometteur.
“C’est tellement triste. C’est comme jeter de l’argent au sol”, se lamente Sarah, une employée horticole kényane devant des brassées de fleurs splendides envoyées à la décharge.
“Pire qu’une guerre”
C’est “pire qu’une guerre”, constate Orlando Gualdi, le maire de Vertova, près de Bergame dans le nord de l’Italie, un village où le virus a fait plus de morts que le second conflit mondial.
L’un des rares effets positifs du confinement : la pollution de l’air diminue en Italie, un phénomène que l’on retrouve également dans le reste de l’Europe, a indiqué mercredi l’Agence européenne de l’environnement (EEA).
Quelque 2,9 milliards de personnes sont appelées à se cloîtrer chez elles, selon un comptage réalisé à partir d’une base de données de l’AFP, sur une population mondiale, évaluée par l’ONU à 7,8 milliards de personnes en 2020.
L’Iran, l’un des pays les plus affectés avec 2077 morts comptabilisés, s’apprête à interdire, d’ici à vendredi, la circulation entre les villes du pays.
Le Mali, en situation de guerre et l’un des rares pays africains à ne pas avoir encore déclaré de cas, a annoncé que deux Maliens rentrés de France récemment étaient positifs.
Le pape François a participé mercredi à une prière œcuménique mondiale pour “l’humanité durement éprouvée par la pandémie”.
En Chine toutefois, les restrictions drastiques imposées depuis plusieurs mois dans la province du Hubei, épicentre de la pandémie, ont été levées mercredi — sauf dans la capitale régionale Wuhan — provoquant des embouteillages et une ruée sur les trains et autocars.
Aucun cas de contamination locale n’a été détecté en 24 heures dans le pays.
Maderpost / AFP