L’universitaire sénégalais, Mor Ndao, a salué la posture du pouvoir politique sénégalais basée sur la négociation comme préalable à la prise et à l’application de mesures relatives à la gestion et à la propagation du coronavirus dans le pays.
CORONAVIRUS – Le chef du département histoire de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) apprécie notamment la décision prise par les autorités sénégalaises de négocier avec d’autres entités nationales pour faire passer la mesure d’interdiction d’événements religieux majeurs dans le pays.
“On ne peut plus imposer des pratiques en général souvent importées à des sociétés largement travaillées par leurs propres réalités socioculturelles. Il faut négocier et ne jamais perdre de vue les logiques endogènes”, a insisté l’historien lors d’un entretien avec l’APS.
“Il faut insister sur la médiation pour faire passer les messages tout en capitalisant les expériences passées et de voir les modes de gestion de ces épidémies, les succès et les échecs”, a encore déclaré Ndao.
Il a rappelé que l’administration coloniale a été à plusieurs reprises amenée à négocier avec les chefs religieux, notamment le guide la communauté tidiane, El Hadj Malick Sy, pour faire passer des messages à l’apparition d’épidémies comme celle de peste au Sénégal au début du 19e siècle.
“Les épidémies mettent à l’épreuve les sociétés humaines. C’est l’égalité devant la maladie et la mort. C’est aussi la démocratisation de la mort”, a fait observer Ndao.
“Les épidémies ne connaissent pas les frontières, les identités et les classes sociales”, martèle l’historien, dans son analyse relative à la stigmatisation, le repli sur soi, notés lors des épidémies.
La peur, la prolifération de discours sur la fin du monde, des troubles à l’ordre publics et d’autres pratiques déviantes refont surface souvent pendant ces crises, a expliqué l’historien.
“C’est une pandémie (covid-19), une épidémie planétaire. A force de stigmatiser, cela peut mener à des frustrations. Les épidémies peuvent surgir de n’importe où. Nul n’est à l’abri. C’est un problème qui interpelle toute l’humanité”, a-t-il averti.
Il a souligné ainsi la nécessité de nous interroger sur nous-mêmes, de revoir les formes de solidarité, les rapports à autrui avant d’envisager l’avenir.
Maderpost / APS
Please follow and like us: