Pays cité en exemple en Afrique et partout dans le monde pour son modèle politique et social, son sens de l’accueil de l’étranger, le Sénégal plonge dangereusement depuis quelques années dans l’entonnoir du communautarisme et de l’ethnicisme.
SOCIETE – Il y a eu le « Nedo ko banndum » charrié dans des discours au ras des pâquerettes, jetant l’opprobre sur la communauté Al Pulaar du temps du magistère du Président Macky Sall. Toujours sous le même chef d’État, fut conjugué à tous les temps de la bêtise le pseudo penchant « systématique et systémique rebelle » du diola pour la seule et simple raison que l’opposant le plus en vue d’alors devenu par la suite Premier ministre à la faveur de la victoire de son « poulain » à la présidentielle du 24 mars 2024, Ousmane Sonko, est de la Casamance.
Voilà maintenant que pour une sombre affaire de blanchiment de capitaux autour d’un montant provisoire de 125 milliards FCFA, selon le parquet financier, incriminant le député et proche de Macky Sall, Mouhamadou Ngom plus connu sous le nom de Farba, sort de poitrines dilatées par la mauvaise inspiration un appel à la guerre.
Aveuglés par une haine présente dans le paysage politique depuis bientôt quelques années, les partisans du durcissement et du répondant tribal par défaut aux questions politiques et judiciaires sans réponses incitent sans masque au combat.
Cette situation ubuesque pour une nation, qui a toujours été citée en exemple de cohésion sociale et nationale en Afrique, survient par la faute de la pauvreté du discours politique que sert son personnel en manque de formation, de vécu de rhétorique.
Il y a bien longtemps que les canaux et subtilités du discours politique ont pris les voiles, parce que rendus aphones non par l’objet mais plutôt le sujet politique qui ignore tout des mécanismes et faculté de persuasion.
L’objet andragogique du discours politique qui est de persuader autrui, soit les électeurs, a toujours en bandoulière au moins aux deux fonctions de la rhétorique dont l’une s’intéresse à la manière de convaincre.
Sans consistance, le discours politique s’est appauvri se perdant dans ce que beaucoup tiennent de débats, hélas faux parce que non réglés sur les moyens permis d’employer.
Le désert a d’autant pris possession du discours au Sénégal que la communication politique est devenue oublieuse de la valorisation de la parole. Il est vrai que la politique tout comme son discours renvoie depuis longtemps aux mensonges, aux promesses non tenues et idéologies mortes.
Comment veut-on que la dégénérescence du discours ne prenne pas ses quartiers dans le misérabilisme ambiant de la formation de parti plus enclin à taper et se taper dessus au sens propre du terme, plutôt qu’à briller dans les contradictions et exposés de projets de société.
Le discours se paupérise davantage quand il quitte les canaux de la communication politique pour se dilater sur les réseaux sociaux, nouvelle tribune de toutes les libertés d’expression. C’est d’ailleurs dans cette tribune réside le danger pour le Sénégal en souffrance d’acteurs de qualité. Il est à croire que les mots inconsistants sont à la hauteur des nouveaux maux de la société.
Il est grand temps que le pays prenne conscience du danger qui guette et que les autorités contribuent par un discours moins va-t-en guerre parce et hissent plus haut la barre afin qu’on revienne à l’orthodoxie du discours politique.
Autrement, on se mordra la langue, les yeux bouffis.
Maderpost / Charles FAYE