ECONOMIE – « La culture est au début et à la fin de tout développement » disait le président-poète Léopold Sédar Senghor aux premières de l’indépendance. Il ne se trompait pas, même s’il ne réussira pas à intégrer l’agriculture dans le vecteur culturel pour atteindre ses objectifs de mettre le coton abandonné par la puissance coloniale dans la locomotive agricole du Sénégal nouvellement souverain pour ne pas dire pseudo souverain, à côté de la monoculture arachidière imposée par le colon.
Agro Bio Vision ne ratera pas ainsi l’occasion de semer son message dans l’exposition collective de Moussa Ndiaye, Colette Kosy, Sophie Leuthe So, Ikève Mbaye fils du grand Kré, Marie Antoinette Sylla Epine Rose, Dieynabou Baldé, Souleymane Ndoye, Edwige Pluchard, Adi le peintre. Du beau monde de l’art au service du bio. Il fallait y penser.
« Nous avons saisi l’occasion de la Biennale pour faire cette exposition car nous avons été interpelés par le titre The Wake ou l’éveil en français », explique le président de l’Ong, précisant que l’occasion était trop belle pour rater l’opportunité.
« Pour nous l’éveil est une prise de conscience et une compréhension. En tant qu’association dédiée à l’agriculture, à l’agroforesterie, aux chaines de transformation, avec nos quatre piliers que sont l’agroalimentaire, le cosmétique, la pharmaceutique et le textile dans le domaine du bio, nous ne pouvions pas rater l’opportunité ce d’autant que nous touchons à la santé des populations et voulons l’autosuffisance alimentaire », renchérit M. Diop.
« Nous nous retrouvons dans cet éveil de l’Afrique pour lancer notre appel », justifie-t-il. La méthode n’est pas absente dans le discours de l’ancien ministre de la Santé sous les verts. « D’abord au niveau du Sénégal pour que nous soyons entendus et accompagnés par les nouvelles autorités. Et enfin pour lancer un appel vers l’Afrique, en commençant par notre sous-région d’abord de la CEDEAO ».
Cette expo sert donc de coup de pinceau pour un plaidoyer intégral. « Pour que nous puissions ensemble unir nos efforts, unir nos convictions et partager notre engagement pour arriver à mettre à disposition dans les pays les terres nécessaires au développement de l’agriculture, de l’élevage, de l’agroforesterie. »
« Quand nous disons que l’Afrique nourrit le monde » n’est pas juste une juxtaposition de mots pour amuser la galerie. « C’est sur la base de la réalité », martèle M. Diop.
« Si vous regardez les pays développés aujourd’hui, vous verrez que la plupart d’entre eux n’ont pas assez de terres. Qu’ils n’ont pas assez de monde dans l’agriculture et l’élevage. Qu’ils ont en plus une population moins jeune. Soit tout le contraire en Afrique qui dispose de terres immenses », fait remarquer le président d’Agro Bio Vision.
« Nous avons du soleil, nous avons notre jeunesse, nous avons nos capacités de travail. Il nous faut maintenant organiser tout ça, apporter la technologie nécessaire, renforcer la recherche, trouver les mécanismes de mise en œuvre, etc. Et surtout nous engager sur des productions importantes, la transformation et la commercialisation. C’est en cela que nous aurons réponse aux problèmes qui se posent à nous. Quand l’Afrique nourrit le monde n’est pas un slogan. Nous pouvons le faire, il suffit de nous organiser ».
Il faut croire que le vernissage de la section Off de la Biennale Dakar 2024 se déroulant du 7 novembre au 7 décembre 2024 sous le thème The Wake, l’Éveil, Xàll wi a marqué samedi 23 novembre 2024 les esprits et confirmé le rôle essentiel des artistes dans la société. Ceux de cette exposition s’en sont donnés à cœur joie, explorant le potentiel créatif du continent africain à travers les œuvres de dix (10) artistes talentueux.
Chaque pièce présentée au public « incarne un éveil artistique et culturel, reliant le passé aux aspirations contemporaines ». Un thème évocateur qui met en lumière la manière dont l’Afrique « nourrit le monde non seulement par ses ressources naturelles, mais également par sa créativité, sa spiritualité et ses valeurs culturelles ». Et comme par un pur hasard les œuvres exposées symbolisent ce réveil à travers des formes, des couleurs et des textures qui racontent l’histoire d’une renaissance africaine.
Maderpost / Charles FAYE