Blessés arrivant en masse aux hôpitaux, habitants fuyant à la hâte le carnage en cours au Sud-Liban occasionnant une vive terreur à la suite de l’aviation israélienne qui a lâché un tapis de bombes, faisant au moins 182 morts.
MOYEN ORIENT – L’inquiétude a gagné la capitale, Beyrouth, jusque-là épargnée par le conflit entre le Hezbollah pro-iranien et Israël, des habitants recevant des avertissements israéliens sur leurs portables et leurs lignes fixes.
« C’est une catastrophe, un massacre », affirme à l’AFP Jamal Badrane, un médecin de l’hôpital du Secours populaire à Nabatiyé, une ville du sud.
« Les frappes n’arrêtent pas, ils nous ont bombardés alors qu’on retirait des blessés » d’une autre zone du sud.
Le ministère de la Santé a annoncé que les raids incessants depuis le matin sur le sud du pays avaient fait 182 morts et plus de 700 blessés, le bilan le plus lourd en près d’un an de violences.
L’armée israélienne a de son côté indiqué avoir ciblé lundi plus de 300 sites du Hezbollah au Liban.
« Les blessés arrivent sans arrêt. La situation est très difficile, je ne peux pas recenser les victimes, les blessés sont dans la rue », dit un employé de l’hôpital public de Tebnine, dans le sud du Liban, qui n’a pas donné son nom.
Les raids incessants ont poussé des centaines d’habitants du sud, qui jusque-là étaient demeurés chez eux malgré les bombardements quotidiens, à fuir.
Dans la ville côtière de Tyr, plus au sud, « des centaines de personnes sont arrivées » dans une école abritant des déplacés, a indiqué Bilal Kachmar, un responsable de l’organisme de gestion des catastrophes, d’autres « campent dans la rue ».
« D’autres sont assis dans la rue et attendent » d’être logés, a-t-il ajouté.
Des centaines de voitures transportant des familles étaient coincées dans des embouteillages à Saïda, la grande ville du sud, selon des photographes de l’AFP.
Nazir Rida, un journaliste, a précipitamment quitté Beyrouth pour aller sous les bombes chercher sa famille, qui habite dans le village de Babiliyé.
« Personne ne s’attendait à cette escalade soudaine. Notre village était jusqu’à présent à l’abri des bombardements », dit-il à l’AFP, alors qu’il est pris dans l’embouteillage à Saïda.
« Je suis allé à mon travail à Beyrouth et j’ai laissé mes enfants dans le village, considéré plus sûr que la banlieue sud de Beyrouth ».
Ce bastion du Hezbollah où il réside a été visé vendredi par une frappe meurtrière visant un chef militaire du Hezbollah, qui a fait 45 tués dont de nombreux civils.
Le ministre de l’Education, Abbas Halabi, a annoncé la fermeture des écoles mardi dans tout le pays.
« Les bombes sont tombées dans un quartier où se trouvent des écoles à Nabatiyé », dit Azraa Kanso, une institutrice de cette ville.
« Si les élèves venaient à l’école (..) cela aurait provoqué le chaos ».
La panique a gagné la capitale où des habitants et des bureaux ont reçu des messages d’avertissement israéliens.
« J’ai reçu un message sur mon téléphone portable disant +si vous êtes dans un bâtiment où se trouve des armes du Hezbollah, éloignez-vous du village jusqu’à nouvel ordre », a déclaré à l’AFP Khaled, un habitant de la capitale qui n’a pas voulu donner son nom de famille.
Le même message, enregistré, est parvenu sur des lignes fixes à plusieurs bureaux, dont celui du ministre de l’Information Ziad Makary, situé dans une zone abritant plusieurs ministères dans la capitale.
« Le téléphone fixe a sonné (…) quand l’assistante du ministre a répondu, elle a entendu un message enregistré demandant (au personnel) d’évacuer le bâtiment sous peine de se retrouver sous les bombardements », a indiqué le bureau du ministre.
La radio officielle libanaise, située dans le même bâtiment, a reçu un message similaire et l’immeuble a été évacué, a constaté un photographe de l’AFP.
Un immeuble de bureau du quartier commerçant de Hamra a également été évacué après de tels messages.
Le ministre de l’Information a dénoncé une « guerre psychologique » d’Israël.
Des écoles et des crèches du centre de Beyrouth ont demandé aux parents de venir chercher leurs enfants en milieu de journée, selon des parents d’élèves.
Maderpost / Challenge avec AFP