Le Bureau du Conseil d’Administration (BCA) de la Coalition des Organisations en Synergie pour la Défense de l’Education Publique (COSYDEP) a formulé quatre recommandations au ministère de l’éducation nationale, en perspective de la première rentrée scolaire 2024-2025 sous le nouveau régime de Bassirou Diomaye Faye.
EDUCATION – Réuni hier, dimanche 18 août 2024, en session ordinaire en vue d’analyser le contexte et de formuler des recommandations. La COSYDEP a salué l’accompagnement de l’achèvement de l’année tout en notant une baisse des taux de réussite au baccalauréat (50,50% cette année contre 51,54% en 2023) et au BFEM (73,94% cette année contre 76,30% en 2023), en attendant les résultats du CFEE.
Cependant, pour matérialiser ces principes et orientations, le BCA recommande de :
1. Clarifier la commande politique pour la transformation annoncée du système éducatif.
Le nouveau régime opte-t-il pour une Refondation du système, une Réforme curriculaire, une Révision des programmes ? La réponse à cette question préjudicielle détermine le processus à mettre en œuvre. En effet, la Refondation renvoie à la reconstruction du système sur des bases conceptuelles et des valeurs nouvelles. Elle est différente d’une Réforme qui consiste à adresser un aspect spécifique du système et d’une Révision de programmes qui est une opération de modification de certaines dispositions. La clarification de la commande politique invite ainsi à tracer des lignes directrices claires pour des choix stratégiques pertinents.
2. Privilégier une approche holistique et prospective dans le traitement des problématiques soulevées.
Il s’agit de mettre l’accent sur les interactions et les interrelations nécessaires dans le traitement des problématiques soulevées. Cette vision permettrait de mieux cibler les défis à relever et de bien planifier leur prise en charge, tout en veillant davantage aux équilibres. C’est ainsi que les débats en cours (daara, écoles confessionnelles, tenues scolaires, langues nationales, intelligence artificielle, protection des enfants, éducation au développement durable, aux médias, à la citoyenneté, aux valeurs, …) devraient être inscrits dans l’agenda d’une concertation inclusive imminente sur le projet global de transformation du système.
Sous cet éclairage, la décision d’introduire l’anglais à l’école élémentaire, dès la rentrée scolaire d’octobre 2024, nécessite une réflexion profonde. En effet, plusieurs langues sont déjà présentes dans le système avec des statuts différents : le français, l’arabe, les langues nationales à généraliser. L’introduction de l’anglais dans un système aussi complexe demande la mise en place de plusieurs préalables dont l’élaboration d’un curriculum (programme, formation, supports didactiques et système d’évaluation). Il s’y ajoute le profil d’enseignant en mesure d’implanter ce curriculum et l’adoption d’une nouvelle didactique en contexte multilingue. Les implications d’une telle décision nécessitent une large concertation avec toutes les parties prenantes, une mobilisation de moyens conséquents et le temps requis pour réussir toute réforme engagée. Il est clair que la pertinence d’introduire l’anglais à l’école élémentaire ne se discute pas ; l’anglais étant reconnu à la fois comme langue internationale et langue de la science.
3. Saisir l’opportunité des grandes vacances scolaires pour, à la fois, lancer le processus annoncé de transformation du système (finalité, offres éducatives, curricula, organigramme, gouvernance) et développer des actions de mobilisation communautaire en faveur de l’amélioration de l’environnement des apprentissages (écoles vertes, salubres, sécures et fonctionnelles). Il demeure plus qu’urgent d’engager un état des lieux objectif et exhaustif des programmes et autres réformes en vue de cerner les contraintes, les défis et les opportunités pour bâtir un plan de développement du secteur qui traverse les régimes politiques. Cet exercice devra s’appuyer sur les conclusions des Assises de l’éducation, de la formation et de l’enseignement supérieur (ANEF et CNAES), l’offre programmatique du nouveau régime et les diverses contributions des partenaires.
4. Garantir, dès à présent, les conditions minimales pour un démarrage effectif des cours dès la rentrée scolaire. Il s’agit d’adresser la résorption des déficits et la planification des besoins en personnels, en infrastructures, en équipements et supports ; l’affectation à temps des élèves en 6ème et en seconde mais aussi des élèves maitres et professeurs sortants des écoles de formation.
Maderpost