Désigné depuis dimanche 7 juillet 2024 par la CEDEAO pour faire entendre raison aux hommes forts de la toute nouvelle Confédération des Etats du Sahel, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye aura bien plus besoin de projets que de mots pour, d’une part, toucher des cordes sensibles du côté des dirigeants militaires, et d’autre part, faire entendre à la CEDEAO qu’il est grand temps pour elle de s’inscrire dans une logique souverainiste basée sur l’industrialisation, la logistique, les infrastructures de base et d’envergure, l’hydrogène vert, l’éducation, la santé, l’accès à l’eau, la formation, etc.
CEDEAO – La CEDEAO retient son souffle disait-on à la suite de la désignation de Bassirou Diomaye Faye pour ramener à la maison les sécessionnistes depuis de la formalisation, samedi 6 juillet 2024, de la Confédération des États du Sahel à l’occasion du Sommet de l’Alliance des États du Sahel précédant de 24 heures le 65e Sommet de la CEDEAO à Abuja tenu à huis-clos avec un retard de deux heures.
On ne pensait pas si bien dire, tant il nous semble difficile de penser que le chef de l’État sénégalais réussira sa mission sans une offre sérieuse de la Communauté adressée aussi bien aux Etats du Sahel qu’au peuple de la CEDEAO. A savoir des projets allant au-delà des intentions ou menaces pour le retour du Mali, du Burkina Faso et du Niger dans le giron de la CEDEAO, que l’homme fort de Ouagadougou, Ibrahim Traoré considère comme un « salon » dans lequel déambulent les « valets » du « maître impérialiste ».
La caricature fait sursauter égratigne, blesse. Toute diplomatie écrabouillée, le capitaine Traoré tire ses rafales. En veux-tu en voilà. Comment doit prendre cela le Président sénégalais désigné par ses pairs ? Est-il un valet ? Certainement pas !
N’a-t-il pas, avec son compère avec lequel il forme le tandem, Ousmane Sonko en l’occurrence plus exactement ce dernier, soutenu qu’ils étaient prêts à rejoindre les putschistes avec qui ils étaient en phase !
Qu’est ce qui a changé pour que le discours tonne autrement ? L’avènement au pouvoir par les urnes du tandem Bassirou/Diomaye peut-il se saborder en faveur d’une CEDEAO à laquelle le même Bassirou Diomaye Faye demande de changer de fusil d’épaule si elle ne veut pas aller à sa désintégration ?
Comme par exemple être inflexible sur le tripatouillage de Constitutions. Ou encore être sans équivoque sur le respect de la destination des investissements, de la réalisation des infrastructures, d’une monnaie commune sous-régionale dont l’étalon-or tiré de la richesse de ses sous-sols suffit à sa convertibilité partout dans le monde pour ne pas avoir à n’exister par le truchement de l’arrimage à l’Euro qui paupérise l’économie de l’Union et fait les affaires de l’Hexagone !
La Corée du Sud, l’Indonésie, la Malaisie, Singapour qui étaient à égalité en termes de croissance pour certains avec quelques pays de la CEDEAO, notamment la Côte d’Ivoire et le Sénégal il y a une trentaine d’années, ont pris le large. Comment et pourquoi ? De quelles richesses disposent-ils ? Qu’est-ce qu’ils ont que la CEDEAO n’a pas, pour parler trivialement. Les projets.
Des projets dont le premier est de voir grand pour être grand et ensuite mettre en place les mécanismes qui donneront corps à la vision pour l’atteinte des objectifs spécifiques et globaux.
Sans projets pour l’Afrique des 15, autrement dit la Communauté, il n’y a pas point d’espoir sinon assister à son explosion. Porteur d’un PROJET dont le déroulé est attendu des Sénégalais, Bassirou Diomaye Faye ne peut faire autrement que de demander à cette même CEDEAO de souffrir et de présenter, dans les meilleurs délais, des projets autour desquels sera invitée la Confédération pour repartir ensemble sur des bases cohérentes, ambitieuses et souverainistes qui feront l’affaire des 400 millions d’habitants de la Communauté et de leurs partenaires dans le monde. Autrement, c’est peine perdue.
Il ne suffit plus de brandir des menaces ou encore les mouvements des Ouest-Africains comme acquis et autres avantages avancés, mais de construire enfin une communauté qui fera rêver ses populations, grâce aux grands chantiers, aux construction d’autoroutes géantes d’eau, de voies ferrées, de ports compétitifs, de logistiques, etc.
Ce dont ont besoin les peuples de la CEDEAO et leurs 5 113 000 km2, soit 16,8% du continent africain est non seulement de voir doublé le taux d’alphabétisation se situant à -40% en 2021, mais encore de voir se multiplier des hôpitaux de stade 3 et 4 et autres spécialisations médicales.
Les Ouest-Africains ont besoin de voir leurs énormes ressources naturelles transformées dans leurs industries pharmaceutiques, textiles, cosmétiques, agroalimentaires.
Les Ouest-Africains veulent s’habiller avec leur coton, voir leurs billets de banque réalisés avec leur coton. Ils veulent transformer leur cacao, leur café, leur sucre, noix de cajou. Ils veulent manger et transformer le bon poisson et autres produits halieutiques qui font le bonheur des tables étrangères.
Ils veulent profiter de leur or comme le faisaient leurs ancêtres, de leur diamant, uranium cuivre, fer, bauxite phosphate ainsi que de leurs ressources minérales modestes : étain, zircon, titane, argile et sable de silice, manganèse.
Ils veulent exploiter leur pétrole, gaz, hydrogène vert. Ils veulent offrir au monde leur Soleil avec un retour gagnant-gagnant.
Ils veulent optimiser leur potentiel hydroélectrique, sauver leurs forêts exploitées informellement et illicitement. Ils veulent tant de choses qui plus est sont toutes légitimes parce que disposant de richesses naturelles, de cours d’eau et climat propice.
Qu’est-ce qui leur manque si ce ne sont des projets et hommes pour réaliser le rêve de leurs pères fondateurs et pour les générations futures. Autrement dit des Lions de l’économie ouest-africaine. Voilà le seul PROJET qui vaille la peine.
A Diomaye de faire du Sonko ou Sonko de faire du Diomaye. Le peuple d’Afrique vous regarde.
Charles FAYE