L’Art sénégalais, s’est fait piquer par une grosse abeille, qui y a laissé son dard. Depuis, les démangeaisons sont là, comme du poil à gratter sous le vêtement.
TRIBUNE – C’est, pour exprimer ainsi, cette situation de malaise et surtout pour dire sans ambages, que nous avons baissé le drapeau des Arts et de la Culture depuis deux décennies dans notre si beau pays, réputé pour ses lumières. La Culture n’est plus en fait, une priorité pour L’Etat, par rapport à une conviction largement partagée, qu’elle est au début et à la fin de toute civilisation.
Depuis 1980, Senghor s’endort et nous, qui croyions, que Sédar allait veiller sur l’Art, sommes désenchantés, faute de l’essentiel : la perpétuation de l’héritage, celui d’un discours et d’actes d’envergure sur la Culture que nos Autorités, n’ont plus exprimés depuis et ce, en dépit d’évènements de dimension, qui n’ont hélas, pas assuré, eu égard à notre immense potentiel. L’on peut évoquer, pour illustrer, les propos, le Fesman, qui a été un immense flop, idem pour la Biennale, à ce jour, en demi-teinte, qui survit, depuis le départ d’Amadou Lamine Sall.
Le Sénégal traverse un grand vide culturel et surtout, la mort dans l’âme, vit dans sa chair, un curieux paradoxe, celui du Fespaco par exemple, qui nous a arraché, le cinéma, quand Ousmane Sembène, Mahma Johson Traoré, Djibril Diop Mambetty, Tijane Aw, icônes du cinéma africain devant l’Eternel, étaient là et sans condescendance aucune, bien avant les Burkinabes. L’Etat du Sénégal, n’a pas rendu à la Culture, ses lettres de noblesse, est une réalité.
Nous étions au lycée Van Vollenhoven, (Lamine Gueye) quand d’abord, le livre était notre ombre, un fidèle compagnon de route, les bibliothèques, des sanctuaires, le théâtre, notre violon d’Ingres, en sus du sport, autre levier (Uassu) pour entrer de manière équilibrée dans la sagesse gréco-latine du Mensa in corpore sano), un esprit sain dans un corps sain.
Depuis le départ de Senghor, c’est quasiment la sécheresse intellectuelle, faute d’entretien, d’irrigation de l’esprit. On impute le dépôt de bilan culturel et artistique à la crise. Que nenni. Mais plutôt au fast track pour de l’argent, ce dangereux raccourci, qui a fini d’enterrer le patrimoine de la morale et des vertus sous nos cieux.
Une approche malheureuse de la vie, du futur du pays, qui peut hypothéquer les acquis éducatifs et sociaux de notre enseignement, aujourd’hui fortement politisé. Conséquence directe, le niveau d’études, a baissé partout, à commencer, par celui des enseignants en premier. On est donc légitimement en droit de se poser la question sur la valeur absolue du diplôme, pour le tenant du parchemin, appelé maîtrise, si l’on sait que, pour beaucoup, ils n’ont rien maîtrisé.
Je m’indigne enfin sur une hérésie, à la fois choquante, spectaculaire, qu’est l’appellation usurpée du Grand Théâtre, où ne s’est jamais jouée, même pas une saynete. Un si bel édifice dédié aux concerts et aux conférences religieuses. Situation fâcheuse à régler dare- d’Art.
Encore de « l’Absolument Sénégalaid ».
Elng
Mamelle le 14 mai 2024
Maderpost