« Les discussions pour la seconde revue du programme soutenu par le FMI au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEC) et de la Facilité élargie de crédit (FEC), et la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) sont pour l’instant prévus au mois de juin 2024 », lit-on dans le document issu des services du FMI qui ont achevé ce vendredi 3 mai 2024 leur visite au Sénégal, non sans que l’on ne s’interroge sur la prévision dont la notion élastique peut laisser à des conditions du Front monétaire international (FMI).
FMI – L’équipe du FMI dirigée par M. Edward Gemayel qui a séjourné à Dakar du 25 avril a ce vendredi pour faire le point sur les développements économiques et politiques récents et jeter les bases de la seconde revue du programme soutenu par le FMI a fait, dans un document à « publication immédiate » parcouru par Maderpost, l’économie des travaux avec les nouvelles autorités sénégalaises, indiquant qu’un accent « devrait être davantage mis sur les réformes structurelles, portant sur la révision de la formule de détermination des produits pétroliers et la réalisation d’un audit de la compagnie d’électricité » en l’occurrence Senelec, « afin de mettre en œuvre une nouvelle grille tarifaire pour l’électricité, avec un tarif social pour les ménages vulnérables ».
En outre, le document de faire savoir que les « autorités progressent dans les mesures visant à sortir à sortir le Sénégal de la liste du Groupe d’action financière (GAFI) » et que les « nouvelles autorités ont réaffirmé leur engagement à poursuivre le programme actuel soutenu par le FMI ».
Ainsi donc le Président Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement à la tête duquel Ousmane Sonko « reconnaissent que les principaux piliers du programme s’alignent sur leurs propres objectifs stratégiques, à savoir : améliorer la résilience budgétaire et réduire les vulnérabilités de la dette, renforcer la gouvernance, promouvoir la transformation structurelle de l’économie et renforcer la résilience du changement climatique ».
Qui paie les violons choisit la musique
Voilà comment les choses retournent en l’Etat, le Projet comme on le voyait venir va devoir attendre et s’inscrire en droite ligne de celui qui commande s’il ne veut pas voir les sous se raréfier et les créanciers d’ici et ailleurs frapper aux portes sans compter la demande sociale. Pris au piège de son endettement le Sénégal se trouve lié aux réformes structurelles de Bretton Wood. Il ne peut faire autrement que d’avoir des « discussions productives avec des Représentants des milieux d’affaires et des partenaires de développement ».
Et pour cause, le déficit courant du Sénégal est resté important (18,8% du PIB), ce qui reflète la faiblesse persistante des exportations de biens. « La croissance de l’activité économique au premier trimestre 2024 a été plus faible que prévu, du fait des incertitudes politiques liées à l’élection présidentielle », fait savoir le texte, ajoutant que les indicateurs de conjoncture ont « montré que la croissance de l’activité économique a été modérée, les entreprises ayant reporté leurs investissements et les consommateurs réduit leurs dépenses ».
Ce qui a permis à l’inflation de se replier à 3,3% en glissement annuel. L’exécution du budget étant marquée par ailleurs par une moins-value au niveau des recettes et un dépassement du cout des subventions à l’énergie jugées d’ailleurs élevées par le FMI (620 milliards FCFA, soit 3,3% du PIB) et d’intérêts sur la dette ont été compensées par des réductions des dépenses d’investissements afin de contenir le déficit budgétaire à 4,9% du PIB, conformément à l’objectif du programme. Le mot est lâché : PROGRAMME.
Le gouvernement sous Macky Sall, mais la continuité de l’Etat étant, a constitué des réserves de liquidités en prévision de l’élection présidentielle ce qui a contribué à une augmentation de la dette du gouvernement (73,4 du PIB) au-delà du plafond de dette fixé dans le cadre de l’UEMOA. Ousmane Sonko et son gouvernement ne peuvent faire autrement à moins qu’ils aient des ressources.
La pédale douce
En 2023, note le document, l’économie sénégalaise a fait preuve de résilience en dépit d’un contexte difficile. Malgré les tensions politiques autour de l’élection présidentielle provoquée uniquement par le Sénégal peut-on ajouter et les chocs extérieurs auxquels le pays n’y peut rien, la croissance économique « a dépassé les attentes (4,6%), reflétant une bonne campagne agricole et un secteur tertiaire solide ». Mieux, le doucement de l’équipe indique que l’inflation « a connu une baisse plus rapide que prévu, retombant à 5,9% ». Mais comment pourrait-il en être autrement quand les consommateurs réduisent leurs dépenses.
Ce qu’il faut retenir et comprendre c’est que les données préliminaires pour la fin 2023, soit avant le départ de Macky Sall en avril 2024 indique que le programme soutenu par le FMI reste globalement sur la bonne voie. Il faut donc lui faire confiance tout en retenant cependant que pour atteindre l’objectif de déficit budgétaire de 3,9% du PIB fixé pour la fin de l’année 2024 et donc pour le gouvernement de Sonko, il faut prendre les mesures ambitieuses pour rationaliser les dépenses fiscales et améliorer l’efficacité des dépenses.
« Ces mesures devraient être prises dans le cadre d’un budget rectificatif qui permettrait la réalisation de l’objectif régional de déficit budgétaire de 3% du PIB en 2025 », dit le document, renvoyant ainsi le Sénégal devant son devoir de solidarité vis-à-vis de l’Union.
Voilà comment Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko et le gouvernement sont pris dans le tenaille FMI. Obligés de faire avec ce d’autant que la dette pèse et plombe même si elle est incontournable. Et comme elle est continue… autant en emportera juin !
Masderpost / Charles FAYE