Ce lundi 26 février, à Genève, s’est ouvert la nouvelle session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Il s’agit de la première depuis l’offensive israélienne à Gaza. Le sujet devrait monopoliser les débats ces prochains jours, à égalité avec l’Ukraine, tout juste deux ans après le début de l’invasion russe. Sauf que tous les pays n’ont pas la même lecture de ces conflits, ni même des droits de l’Homme.
NATIONS UNIES – Une fois n’est pas coutume, Antonio Guterres a fait le déplacement jusqu’à Genève pour ouvrir la 55e session du Conseil des droits de l’homme. Et il a eu d’emblée, des propos très forts. Les droits humains sont indissociables de la paix, rappelle le secrétaire général des Nations unies. Et ces deux notions sont aujourd’hui attaquées de toutes parts. Une référence, à la fois au conflit à Gaza et en Ukraine.
Chaque jour qui passe, notre monde devient plus dangereux, estime Antonio Guterres. Et le problème, c’est que l’ONU n’est plus en mesure de répondre à ces défis. Le Conseil de sécurité est paralysé. Le Conseil des droits de l’Homme n’arrive plus à se mettre d’accord sur les grandes crises. Tout ça, on le sait et on le répète depuis des années maintenant, analyse le correspondant de RFI à Genève, Jérémie Lanche. Mais quand c’est le patron de l’ONU qui le dit face aux États membres, cela résonne forcément un peu plus. Antonio Guterres va même jusqu’à affirmer que les divisions du Conseil des droits de l’Homme sur l’Ukraine et sur Gaza ont peut-être mortellement sapé son autorité.
Si ce n’est pas un baiser de la mort, ça y ressemble quand même beaucoup. Pour sortir de l’impasse, le secrétaire général mise tout sur le Sommet de l’avenir, en septembre, à New York. Sorte de grand-messe ou les États réaffirmeraient leurs engagements vis-à-vis de la charte des Nations unies et du multilatéralisme.
Le sort de Gaza au cœur des débats
Concernant la situation à Gaza, l’offensive à grande échelle annoncée par les autorités israéliennes sur la ville, « ne serait pas seulement terrifiante pour plus d’un million de civils palestiniens qui s’y abritent ; elle sonnerait également le glas de nos programmes d’aide », a prévenu Antonio Guterres, dès l’ouverture de la session. Le secrétaire général de l’ONU a souligné que « rien ne peut justifier les meurtres, blessures, tortures et enlèvements délibérés de civils par le Hamas, le recours à la violence sexuelle ou le lancement aveugle de roquettes vers Israël ». « Et rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien », a-t-il ajouté.
Les commentaires de M. Guterres interviennent après que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a réitéré dimanche 25 février que son pays lancera une offensive à grande échelle qui doit assurer une « victoire totale » d’Israël sur le mouvement islamiste Hamas. Un éventuel cessez-le-feu, en cours de discussion à Doha, ne ferait que retarder quelque peu l’inévitable, a souligné le Premier ministre.
À la tribune du Conseil, Volker Türk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a défendu l’ONU, ses agences et son travail : « L’ONU est devenue le paratonnerre de la propagande manipulatrice et le bouc émissaire des échecs politiques » faisant allusion, sans la nommer, à l’UNWRA, accusée par Israël de « collusion » avec le Hamas. Face aux accusations – en particulier qu’une douzaine d’employés de l’agence auraient participé aux attaques du 7 octobre – Antonio Guterres a chargé l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, d’évaluer le travail de l’UNRWA.
« Cette situation est profondément destructrice du bien commun et trahit cruellement les nombreuses personnes dont la vie en dépend », a affirmé Volker Türk.
Les crises à Gaza et en Ukraine ne représentent qu’une infime fraction des sujets au menu de cette session. Il y a entre autres, le Soudan, la Syrie, Haïti et la République démocratique du Congo, l’une des plus grandes crises humanitaires et de déplacements internes au monde, l’une des plus anciennes aussi. Et c’est justement ce qui est reproché aux pays occidentaux par les pays dits du sud : un engagement sans faille pour l’Ukraine, mais peu de considérations pour les autres crises.
Ce procès est alimenté en sous-main par la Russie, exclue du Conseil en 2022, mais toujours très influente en coulisses. L’automne dernier, Moscou avait échoué à se faire réélire au Conseil. Mais elle avait quand même convaincu près de la moitié des États membres de lui réattribuer son siège.
Maderpost / Rfi