La dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a lieu mardi 28 mars sous étroite surveillance policière. Un dispositif « inédit » a été déployé, alors que l’exécutif tente de déminer le terrain.
REFORME DES RETRAITES – Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a annoncé la couleur. Il dit s’attendre à une manifestation très difficile à gérer et les autorités ont mis en place un dispositif policier « inédit ». 13 000 policiers et gendarmes seront déployés, dont 5 500 à Paris, a indiqué le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Lors d’une conférence de presse, il a appelé « dans cette période de violence (…) solennellement chacun et chacune au calme » et évoqué la présence possible à Paris mardi de « plus de 1 000 éléments radicaux, dont certains venus de l’étranger, et d’autres (qui) étaient présents à Sainte-Soline ce week-end ».
M. Darmanin a ajouté que ces personnes « issues de l’ultragauche et de l’extrême gauche » pourraient aussi « mener des actions à Lyon, Rennes, Nantes, Dijon et Bordeaux », des villes où les manifestations ont été émaillées jeudi dernier de nombreuses violences.
« Usage excessif de la force »
Les précédentes journées de mobilisation se sont accompagnées d’incidents violents, comme celle de jeudi qui a recensé 457 interpellations et 441 policiers et gendarmes blessés dans toute la France. Une enquête judiciaire a également été ouverte après des menaces et des intimidations proférées par des policiers contre de jeunes manifestants et le Conseil de l’Europe a dénoncé d’un « usage excessif de la force ».
De son côté, l’exécutif tente de reprendre la main et clame sa volonté d’« apaisement », même s’il reste inflexible. Dimanche, la Première ministre s’est dite à l’écoute, Élisabeth Borne a ouvert lundi une vaste séquence de consultations étalées sur trois semaines, avec les parlementaires, les partis politiques, les représentants d’élus locaux et les partenaires sociaux s’ils le souhaitent.
Le président Macron a reçu lundi à l’Élysée les responsables de la majorité et les ténors du gouvernement. Le chef de l’État tente de déminer le terrain sans rien céder aux syndicats. « Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales. » C’est le message martelé, selon un participant du déjeuner.
La porte est ouverte, mais pas à n’importe quelle condition
Le président de la République veut montrer aux organisations syndicales que sa porte est ouverte. Mais pas à n’importe quelle condition. D’accord pour parler des conditions de travail, de la pénibilité, de l’emploi des séniors ou encore de la reconversion professionnelle. Mais pas question d’évoquer le report de l’âge légal.
Le leader de la CFDT, Laurent Berger, l’a de nouveau répété : il n’acceptera « la main tendue » d’Élisabeth Borne aux syndicats, que si le gouvernement marque une pause, en « mettant de côté pour l’instant sa réforme ».
Le président de la République en a profité pour condamner les violences de manière très ferme : « Ce sont les institutions qui sont visées, elles n’ont rien à voir avec la réforme des retraites ».
Un regard enfin adressé à la Première ministre qui a une mission dans les trois prochaines semaines : « élargir la majorité ». Élisabeth Borne a ouvert ce lundi de nouvelles consultations avec le monde politique, et elle l’espère, syndical. Trois semaines pour renouer le lien et espérer se trouver de nouveaux alliés, sous la pression de la rue.
Maderpost / Rfi