Le Ghana pourrait garder la présidence de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) grâce à un coup de main du Nigeria et de la Côte d’Ivoire qui sont les principaux actionnaires de l’institution financière, renseigne jeudi Le Quotidien.
FINANCE – La 11e Assemblée générale extraordinaire de la BIDC, mardi 14 février 2023, à Lomé au Togo n’est pas allée dans le sens souhaité par le Sénégal, du fait de la remise en cause de l’accord de 2019 lui réservant la prochaine présidence de l’institution après la réélection tumultueuse du Ghanéen George Agyekum Donkor à la tête de la banque régionale.
L’accord stipulait qu’au terme du deuxième mandat du Ghanéen, un Sénégalais prendra le relais. C’est en sens que le nom de l’ancien ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hot, avait été agité pour prendre le poste devant un autre Sénégalais actuel numéro deux de l’institution financière sous-régionale, M Mabouba Diagne.
Il se dit même que M. Diagne pourrait bouder à son tour et claquer la porte de la BIDC, par frustration, comme l’avait fait en 2019 son prédécesseur qu’il avait remplacé à ce poste, M. Abdoulaye Fall alors en compétition pour succéder au même Ghanéen.
Le Quotidien, annonce qu’en cas de démission de Mabouba Diagne, son siège sera attribué au représentant de la Côte d’Ivoire.
George Agyekum Donkor qui a fait des pieds et des mains pour rester à son poste est bien parti pour garder la main, selon Le Quotidien. D’après lequel, le Ghanéen a obtenu gain de cause, grâce au soutien du Nigeria et de la Côte d’Ivoire, pour que l’engagement pris devant le Sénégal soit remis en cause.
Ces trois pays étant les actionnaires principaux de la BIDC et le vote au sein du Conseil des gouverneurs se faisant au prorata de la position de chacun dans l’actionnariat de l’institution, le Sénégal a peu de chance de faire barrage, ce d’autant que des pays trainent à lui apporter leur soutien, selon Le Quotidien.
Ses protestations contre le schéma scellé à ses dépens n’a que très peu trouvé écho en dépit de la lettre du Président Macky Sall à ses pairs de la CEDEAO. Correspondance dans laquelle il les invitait au respect de l’accord de 2019.
Selon toujours le journal citant une source, Dakar est soutenue par le Togo et le Bénin tandis que le Cap-Vert, qui n’était pas à jour fin 2022 des fonds dûs à la banque, et la Gambie, dont l’appui semblait acquis, adoptent une « position ambigüe ».
Pire pour Dakar, d’après la même source, le trio (Ghana, Nigeria et Côte d’Ivoire), voudrait qu’en plus du poste de président de la BIDC, que les deux postes de vice-président lui reviennent. Les autres actionnaires, selon le plan à trois, devant se contenter d’un siège de vice-président et de celui de secrétaire général.
Pour mieux verrouiller leur plan, le Ghana, le Nigeria et la Côte d’Ivoire espèrent rallier le Bénin à leur cause. Pour ce faire, il compte créer un autre poste de vice-président qui lui reviendrait.
Si ces manœuvres venaient à aboutir, le Sénégal serait relégué au rang de simple actionnaire, sans aucun pouvoir de décision.
La présence de la ministre sénégalaise de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Mme Oulimata Sarr, le 16 janvier dernier à Lomé pour faire respecter l’accord de 2019 n’a pas donné les fruits escomptés par Dakar qui, rappelons-le, a échappé de peu à la critique en régularisant sa situation juste avant la dernière Assemblée générale extraordinaire.
In fine, le passage en force du Ghana dans la bataille pour la direction de l’instance financière marque non seulement l’importance qu’accordent les responsables ghanéens et en premier ressort le chef d’Etat Nana Akufo-Addo à la CEDEAO et à ses institutions, mais encore une ère nouvelle en dépit des vœux pieux qui ont toujours mis en avant un principe de rotation quasiment fraternel des postes loin des vérités et réalités économiques.
Le 22 Décembre dernier avait déjà donné un aperçu de la détermination du Ghana de faire entendre raison aux actionnaires en disant qu’il revenait aux plus gros actionnaires, notamment le Nigeria (34,30% des droits de vote), le Ghana (17,25%) et la Côte d’Ivoire de la BIDC d’occuper les postes de président et de vice-présidents.
C’est un coup dur de certains Etats membres et nouvelles réalités géopolitiques et géostratégiques de la CEDEAO qu’essuie le Sénégal dont le leadership diplomatique, économique, voire politique, est plus que jamais mis à l’épreuve en Afrique de l’Ouest.
Maderpost