Au cours d’une rencontre avec la presse sénégalaise avec un « Voyage au cœur de la Sonatel » Sékou Dramé le Directeur Général du groupe Sonatel, a déclaré le jeudi 26 janvier 2023, que la Sonatel a une rentabilité moyenne qui se situe à 40%.
SONATEL – L’objectif de la rencontre pour cette entreprise de téléphonie, était de clarifier certains points qui n’étaient pas souvent évoqués dans les communications institutionnelles, mais aussi de recueillir des suggestions de la presse considérée comme des porte-voix de plusieurs parties prenantes du groupe Sonatel.
Entouré de toute l’équipe de direction, M. Dramé a indiqué qu’en termes de benchmark le Groupe Maroc Telecom avec qui le Groupe Sonatel peut être comparé est à 50% de rentabilité. Selon lui un opérateur télécoms ne peut réussir que s’il s’inscrit dans la durée par des investissements massifs.
« Chaque année, nous arrivons à étendre la couverture réseau », dit-il avant de poursuivre. « Nous allons à la limite de ce qui est possible en termes de rentabilité ». Il est impératif pour la Sonatel d’avoir un site en équilibre et la seule chose qui nous permet d’y parvenir, c’est de faire de la croissance qui génère des économies d’échelle » a laissé entendre le DG du groupe Sonatel.
Chiffres à l’appui, M. Dramé estime que sur les 252 milliards de FCFA de bénéfice réalisé au terme de l’exercice 2021, la Sonatel a payé 166 milliards de FCFA de dividendes et a investi 214 milliards de FCFA. « Donc si on fait la somme, nous avons dû emprunter, payer des dividendes et investir » a révélé le DG de Sonatel.
De l’avis de M. Dramé, le ratio d’endettement de la Sonatel est très sain. C’est ce qui a permis de faire un emprunt obligataire de 100 milliards en 2020.
Au passage, le DG de la Sonatel estime qu’il faut casser cette image d’une entreprise de téléphonie « trop riche ». Cette richesse nous permet d’investir afin de donner accès au réseau à des Sénégalais qui n’en ont pas. A ce niveau, 15 à 17% du chiffre d’affaires du groupe sont investis chaque année. Selon M. Dramé, d’autres entreprises de télécoms sur le marché ont eu une approche différente avec au finish une incapacité à améliorer leur réseau.
Sur un autre registre, le DG de la Sonatel soutient que sur les 1335 milliards de chiffre d’affaires en 2021, Groupe Orange, le partenaire technique de Sonatel n’a que 51 milliards de dividendes. Le reste du chiffre d’affaires est distribué aux fournisseurs de la Sonatel, dont 282 milliards versés aux Etats sous formes de dividendes pour le Sénégal et essentiellement de taxes pour les autres Etats où sont localisées les filiales.
Une réaction d’orgueil lors de la perte de la première capitalisation boursière
Au cours de la rencontre entre l’équipe de direction de la Sonatel avec la presse, il a été abordé la cotation de Orange Côte d’Ivoire à la BRVM le 30 décembre 2022 avec un record de capitalisation de 1431,23 milliards de FCFA depuis la création de la Bourse Régionale. « Lorsque nous avons perdu la première capitalisation boursière, on a eu une réaction d’orgueil », a révélé le boss de Sonatel ajoutant que cela a poussé l’équipe de Sonatel à faire de meilleures performances. Ce qui a permis à la société de téléphonie sénégalaise de reprendre la place de première capitalisation boursière de la BRVM le mercredi 25 janvier 2023. Mais le DG de Sonatel est d’avis que c’est temporaire, car le cours de la Bourse monte et descend. Ce qui est important selon lui, c’est de continuer à être cet acteur important au niveau de la BRVM, car il a la conviction que voir plus de sociétés faire l’effort d’être maintenues en Bourse améliore le climat et la gouvernance des affaires.
« C’est le principal bénéfice que la Sonatel a tiré de sa présence en Bourse avec des obligations de publications régulières, de transparence ; cela a renforcé la gouvernance », a soutenu Sékou Dramé.
Il s’est dit par ailleurs content que d’autres groupes, à l’image de Orange Côte d’Ivoire, puissent le faire puisque globalement cela améliorera le climat des affaires dans la région.
Effet des promotions sur la qualité du service ?
Selon la direction de Sonatel, ce sont les investissements et le cadre qui ont favorisé la baisse des tarifs. Mais, en même temps, le trafic au Sénégal a été multiplié par trois avec forcément des impacts sur la qualité de service. Ensuite, reconnait M. Dramé, « c’est que collectivement, nous avons pris du retard sur la couverture territoriale. Nous avons beaucoup de capacités qui ont été mises dans les villes parce qu’il fallait améliorer et écouler le trafic. Mais cela s’est fait au détriment de l’extension et de la couverture territoriale qui sont des programmes pluriannuels. » Il espère que le secteur des télécoms au Sénégal entrera dans un nouvel équilibre qui permettra aux entreprises de continuer à étendre leur réseau pour que l’aménagement numérique soit une réalité.
Lors de la rencontre avec la presse, il été évoqué la tendance des régulateurs du secteur des télécoms à prendre leur responsabilité pour fixer des prix planchers en-dessous desquels, les opérateurs ne peuvent pas faire des destructions de valeurs parce que cela influe sur la qualité de service. C’est le cas en Guinée-Bissau, en Sierra Leone où le régulateur fixe des prix planchers en-deçà desquels les opérateurs ne peuvent pas vendre parce qu’il sait qu’économiquement ce n’est pas viable et que cela aura des répercussions sur leur capacité à investir.
Sur un autre registre, l’équipe de direction du groupe Sonatel a abordé les perspectives Orange Energie lancé 2019.
Selon Alioune Kane, directeur Stratégie Transformation de Sonatel, Orange Energies, c’est 21 000 foyers qui seront connectés sur tout le territoire national notamment en zone rurale. Orange Energie a trois offres. Avec 130 francs par jour, le foyer est équipé avec trois lampes et des lampes torches. Ce qui permet aux enfants d’étudier le soir. Avec 230 francs, le foyer a 6 lampes, une radio et des lampes torches. Avec 460 FCFA, le foyer a 6 lampes, une radio, une télévision. « Globalement sur l’ensemble des offres, l’équipement revient au client après trois ans. C’est un peu de la location-vente lui permettant d’accéder à l’énergie » a souligné M. Kane.
En termes de perspectives, Orange Energie entend accompagner l’Etat du Sénégal dans sa politique d’électrification du monde rural. Selon M. Kane, la Sonatel est en relation avec l’ensemble des parties prenantes pour réfléchir sur comment elle pourrait faire plus et mieux. Au Mali la société de téléphonie a réussi parce qu’elle a un projet avec l’Etat, de déploiement de fermes solaires. « Aujourd’hui avec la règlementation dans le secteur de l’énergie, nous sommes en discussion avec les parties prenantes pour voir comment Sonatel pourrait aider à déployer des fermes solaires au Sénégal pour équiper un peu le monde rural », a révélé Alioune Kane. La Sonatel est aussi en discussion avec ces parties prenantes pour déployer des mini kits au niveau des foyers dans le milieu rural. « On travaille aussi avec les entreprises qui sont dans le secteur pour leur faire bénéficier de l’expertise de la Sonatel dans le déploiement de compteurs intelligents », a encore laissé entendre M. Kane.
Les projets pilotes ont démarré à Matam au Nord du Sénégal pour accompagner les initiatives entrepreneuriales des populations. Au-delà de l’énergie, il s’agit de leur apporter des équipements pour développer leur business notamment, conserver le poisson ou les aliments.
Sur l’anticipation ou la diversification des activités de Sonatel, le DG de cette entreprise est d’avis qu’il n’y a pas de limite dans la réflexion. De façon concrète, il y a eu des décisions qui ont été prises à des moments donnés en pensant qu’il y avait des domaines dans lesquels il y a possibilité de créer de la valeur pour les parties prenantes notamment les clients. C’était le cas pour les services financiers mobiles depuis 10 ans. C’est le cas actuellement avec Orange Money. Il y a d’autres domaines que la Sonatel explore a avancé M. Dramé. Sa conviction est que, quand il s’agit de la transformation numérique, Sonatel ne peut pas faire d’impasses sur des secteurs. « Nous avons cette volonté de partenariat et d’ouverture pour apporter notre contribution y compris sur des domaines sur lesquels nous n’avons pas vocation à être sur toute la chaine de valeur », estime le DG de Sonatel.
L’accompagnement des entreprises de presse au cœur des ambitions de la Sonatel.
Selon son DG, « dans la transformation numérique, nous avons la conviction qu’il y a des socles que nous devons fournir : c’est la connectivité. » C’est, à ses yeux là où la Sonatel est le plus attendue. L’entreprise de téléphonie se doit d’être accessibles sur tout le territoire et pour toutes les bourses. C‘est le sens des investissements qu’elle fait dans tous les types de réseaux (fixe, mobile, international à travers le câble sous-marin). « De façon résolue, soutient M. Dramé, cette connectivité, surtout dans notre région, nous y mettons une dimension cyber sécurité. » Selon lui, dans la sous-région, l’appétence sur ce type de sujet est moins forte. En tant qu’opérateur, fournisseur de services, c’est quelque chose que les clients de Sonatel attendent de retrouver dans le package. « Les entreprises de presse sont aussi une population exposée ; nous pouvons travailler à vous apporter cette expertise parce que nous sommes dans un groupe, mais aussi parce que nous pouvons capitaliser sur les bonnes pratiques que nous avons dans notre secteur », estime le DG de Sonatel.
Rendre la 5G disponible dès 2023 au Sénégal
La technologie 5G s’est invitée dans les discussions entre les journalistes et les responsables de la Sonatel. A ce niveau Sékou Dramé s’est voulu clair « notre ambition est de rendre la 5G disponible au Sénégal dès 2023. » Selon lui, pour la 5 G, ce sera des investissements hors licence. « On espère que le prix sera abordable ». D’après toujours M. Dramé, la Sonatel sera obligée de s’endetter pour pouvoir offrir la 5 G à sa clientèle car il y aura un pic d’investissements nécessaires. La principale préoccupation pour l’équipe dirigeante de cette entreprise est de s’assurer qu’on démarrera à temps au Sénégal avec une approche qui permettra à l’ensemble des opérateurs de se positionner et d’apporter leur concours à cette rupture qui s’annonce. A ce niveau, la Sonatel entend être un partenaire privilégié qui suppose qu’elle puisse avoir une position commerciale forte pour avoir de l’impact. De l’avis de M. Dramé la Sonatel va se positionner sur les services avec une capacité à répondre à l’ensemble des besoins des clients.
Maderpost / Lejecos