Enseignant chercheur à l’université de Thiès, Mounir Ndiaye était, mercredi, l’un des invités de la matinale d’Iradio pour parler de l’économie sénégalaise face à la récession mondiale.
ECONOMIE – D’emblée, il fait un petit rappel pour dire que le Sénégal vient de boucler les quatre premières années, en fin 2018, du Plan Sénégal Emergent qui a été l’occasion d’injection de plus de 6000 milliards de francs CFA. Alors que renseigne-t-il le plan d’actions prioritaires prévoyait l’injection de 9700 milliards de francs CFA avec 60 % attendus du secteur privé.
«Mais malheureusement, le secteur privé n’a pas répondu à l’appel. C’est l’Etat du Sénégal qui a sorti l’essentiel des 6000 milliards qui ont été investis, avec, selon les chiffres de l’ANSD, 2056 milliards d’endettement supplémentaires qui a porté la dette du Sénégal en fin 2018 à presque 53% du PIB et nous avons une croissance cumulée de 25% sur les quatre années. Nous avons une productivité qui tourne autour de 22 à 23%», rappelé Mounir Ndiaye qui constate que le PSE n’a pas produit le résultat escompté.
Car, justifie-t-il : «Nous nous attendions à une croissance de 7,1% en moyenne».
D’après le professeur, aujourd’hui, avec le choc de la Covid-19, on s’est rendu compte des vulnérabilités de l’économie sénégalaise. A l’en croire, les pays qui, aujourd’hui sont résilients sur le plan de la gestion de la Covid-19 sont les pays qui ont un secteur privé debout. Dans tous les pays du monde ce sont les grands investisseurs qui sont appelés par l’Etat pour négocier un plan de résilience.
“Il faut se focaliser sur le renforcement du secteur privé et informel”
«Au Sénégal, l’Etat a été seul. Toutes ces multinationales bancaires à qui on a octroyé les marchés publics ne sont pas perceptibles en cette période de crise. Ce qui fait que le principal enseignement c’est qu’il faut maintenant dorénavant se focaliser sur la fortification ou le renforcement du secteur privé et du secteur informel», a analysé Mounir Ndiaye.
Lequel a révélé que 80% des emplois intermédiaires vont disparaitre.
A cet effet, il estime que les trois secteurs prioritaires qui doivent être les cibles pour en faire des moteurs de la croissance dorénavant sont le secteur agricole, le secteur privé et numérique.
«Il faut veiller à avoir un plan de relance du secteur privé, un plan de fortification du secteur privé. Nous savons qu’aujourd’hui la révolution numérique est en train de créer un chômage silencieux qui se développe parce que les emplois intermédiaires disparaissent», dit-il.
Avant d’ajouter : «aujourd’hui, quand vous achetez votre billet d’avion, vous le faites sur internet, vous appauvrissez une agence de voyage qui est obligé de fermer et vous enrichissez une plateforme de vente en ligne qui est anglaise ou américaine. Ceci est un chômage silencieux. En plus, les Sénégalais qui étaient dans les ventes de cartes téléphoniques qui avaient des multiservices vont disparaitre parce qu’aujourd’hui tout peut être fait avec le téléphone portable. Donc, tous ces emplois sont en train de disparaitre».
A son avis, même si on dit que la technologie crée du chômage, la création des technologies et leur fonctionnement créent de l’emplois, aussi. «Il faut qu’on se positionne sur la création de ces technologies pour pouvoir compenser les pertes d’emplois qui sont escomptés dans un future proche», dit-il.
Maderpost / Emedia