Au Sénégal, l’émergence de nouvelles figures politiques saluée, suscita un grand espoir chez bon nombre de Sénégalais, mais malheur nous en a privé : notre pays s’est transformé en un champ de confrontations, d’enchevêtrement, de dérapages et de collisions juridico-politiques.
TRIBUNE – Nous n’aurons pas de difficulté à trouver une interprétation à cette situation imputable, bien entendu, aux acteurs politiques qui entretiennent présentement des rapports très heurtés.
En illustre la radicalité d’Ousmane Sonko, chef de file de PASTEF qui, depuis l’affaire Sweet Beauté, manifeste un désaveu flagrant au Président Macky Sall pour son rôle joué dans ce qu’il considère comme un complot.
Son discours prononcé à Kër Massar, appelant encore à un « mortal combat » contre le Président Macky Sall, a suscité un cortège de réactions et pollué le débat politique national.
S’il demeure vrai que la fibre patriotique d’Ousmane Sonko, candidat à la Présidentielle de 2024, était porteuse d’une dynamique de rupture par rapport au sentiment d’exclusion et d’injustice sociale, à la défense des droits civils et démocratiques, elle s’est émoussée au gré d’un antagonisme très profond.
Fait remarquable, les sorties médiatiques de Sonko sont actées de défiance aux Institutions de la République, à l’État de droit et d’invectives – jusqu’à la preuve du contraire – qui portent atteintes à l’honorabilité de ministres, magistrats, juges, hauts gradés de la gendarmerie et de la police, ce qui constitue une grosse offense, lourde de risques.
Est-ce là, la faiblesse de l’État du Sénégal où la mollesse de nos Institutions ?
Le contre-pied du Président de la République, Macky Sall, de préserver la légitimité de l’État de droit qui, en ses fondements et eu égard aux caractères que lui confère sa souveraineté, est explicite : « les Institutions symbolisent la puissance publique de l’État qui a, par conséquent, le monopole de la violence légitime » (Marx Weber).
Alors, le refus de Ousmane Sonko de comparaître devant la Chambre criminelle ne signerait-il pas la fin de vie de son PASTEF ?
Que craint-il réellement ?
Si la citoyenneté est perçue comme un ensemble de droits et d’obligations, sa réalisation est liée au respect des tribunaux et assemblées politiques représentatives auxquels la morale républicaine prescrit à chaque citoyen un devoir quasi-sacré d’obéissance des lois, par conséquent d’accepter les décisions de l’autorité judiciaire.
Gallo Thiam
Dakar, 30 janvier 2023